Le quatrième long métrage animé du cinéaste japonais Mamoru Hosoda (après La Traversée du temps, Summer Wars et Les Enfants Loups, Ame & Yuki) est une nouvelle variation sur ce qui semble être au cœur de son cinéma, à savoir les notions d'éducation, de partage de ses compétences que ce soit au sein de la cellule familiale comme ce fut le cas dans ses deux films précédents mais aussi à l’extérieur de ce cercle. Cette volonté d'échanges se traduit aussi dans la réalisation qui mêle habilement animation classique en « ligne claire » et quelques effets plus modernes lorsque cela est nécessaire à la fin avec une baleine comme ennemie par exemple ou également quelques bâtiments dans la grande ville japonaise. Ou encore dans les possibles références que l'on peut y voir à des films antérieurs, une séquence faisant penser a du Miyazaki et l'entrainement subi par le héros rappelle par instants Karaté Kid.
Après une courte introduction très réussie graphiquement nous narrant une légende qui s’avérera être celle de la « bête » du titre Kumatetsu le futur père du héros, voici la première scène du film :

Ayant perdu sa mère et ne voulant pas habiter chez ceux qui doivent l’héberger, il se retrouve à fuir a travers les rues grouillantes de monde de Shibuya, jusqu'à qu'il se fasse repérer par une bête à la recherche d'un disciple qui lui serait bien utile pour battre son concurrent et devenir le nouveau seigneur du monde des bêtes. N'ayant nulle part où aller et intrigué, Ren le suivra dans ce monde et sera en quelque sorte le fils que Kumatetsu n'a jamais eu car étant trop solitaire et impulsif pour cela.


La grande réussite du film est de réussir à nous passionner pour une trame scénaristique que l'on peut considérer comme classique voire poussiéreuse et qui il faut bien l'avouer n'est pas des plus originales. Néanmoins la réussite du film tient au fait que, malgré ce schéma, les autres éléments importants du film sont tous d'une qualité excellente.
Tous les personnages principaux et secondaires sont très bien caractérisées (hormis deux personnages secondaires, amis de Kumatetsu étant parfois lourds et pouvant être réduits a un seul personnage sans que cela ne gêne l'intrigue.)
Les caractères de Kyuta comme l'a renommé son nouveau papa et de ce dernier sont à l'opposé l'un de l'autre ce qui peut donner lieu à des scènes de disputes d'une grande drôlerie notamment des courses poursuites autour de la table de la cuisine filmée comme dans un cartoon avec des mouvements très rapides puis l'instant suivant de très jolies séquences quand chacun d'eux enseigne quelque chose que l'autre n'aurait pu apprendre autrement.
L'initiation ne se fait pas tant au travers de voyages vers des supposés « Maîtres » comme dans une bonne partie des mangas de ce type destinés aux ados (seule une scène très brève et expéditive y est consacrée) mais plutôt par ce que l'on peut apprendre de nos semblables ne détiennent pas la « Vérité » ou la « Clé », qui ont leurs qualités et leurs défauts mais avec qui au moins on peut construire des relations sur la durer et faire confiance.


Plus tard dans le récit, le jeune homme que l'on aura vu grandir rapidement sera amené par des rencontres à circuler entre le monde humain Shibuya et celui des bêtes Jutengai, fera des choix importants pour sa vie future tout en tenant compte de ce qu'il a déjà vécu à Juntegai. Cette deuxième partie du récit qui aurait pu s'avérer pataude et délicate s'avère de très belle facture et achève de compléter la dynamique de partage que semble prôner Hosoda chacun apportant finalement un savoir ou une compétence qui lui est propre. Ren/Kyuta devant à son tour mettre en pratique ce qu'il a appris, faire confiance a quelqu'un qu'il ne connait pas, se maîtriser et accessoirement savoir se battre. Et apprendre à nouveau ce qui ne lui a pas été enseigné jusqu'alors, les sentiments et une autre manière de s'épanouir et s’insérer en société par l’apprentissage de la culture et particulièrement ici de la lecture.


Pour finir signalons que ce film contrairement au précédent semble s'adresser plutôt aux garçons qu'aux filles de par les quelques scènes de combats qui sont au demeurant très réussies, assez intenses et « funs » à regarder. Mais cela reste à nuancer car petit à petit et malgré ces séquences orientées jeune public masculin dans la tradition des shonen, il me semble que cette histoire d'apprentissage et de recherche d'une seconde famille soit assez universelle, classique au fond mais excellemment bien traitée et touchante pour que chacun puisse s'y retrouver un minimum.

Martial_Le_Sommer
8

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le 17 mars 2016

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