Au moment où la Nouvelle Vague déploie ses ailes, "Le gentleman d'Epsom" est à l'opposé un bel exemple de cinéma de papa, sympathique mais un brin paresseux, passéiste voire légèrement réactionnaire.


A la fabrication de cette comédie populaire au sein du milieu hippique, on retrouve l'équipe-type de ces années de prospérité en France, durant lesquelles le public bourgeois ne souhaite pas être bousculé dans les salles obscures : Jean Gabin devant la caméra, Gilles Grangier derrière, et Michel Audiard à l'écriture des dialogues.


Gabin reprend l'un de ses personnages fétiches, déjà exploité deux ans plus tôt dans "Le baron de l'écluse" de Jean Delannoy, à quelques nuances près : celui du vieil aristocrate désargenté et roublard (ici un ancien militaire), contraint de vivre de petites magouilles, tout en conservant un certain code de l'honneur.


Le scénario demeure assez simpliste et décousu, somme de petites séquences juxtaposées sans véritable lien entre elles : les personnages entrent dans le récit puis disparaissent, et on passe à autre chose (c'est le cas pour Maud puis pour Ripeux, le restaurateur joué par Louis de Funès).
De même, si les mots d'Audiard sonnent toujours agréablement à l'oreille (le jargon des champs de course n'a aucun secret pour lui), on a déjà connu le dialoguiste plus inspiré.


Toutefois, en dépit de ces quelques réserves, on passe un bon moment devant "Le gentleman d'Epsom", notamment grâce à la présence de seconds rôles savoureux, à commencer par un Louis de Funès en pleine forme, sur le point de voir sa carrière décoller en cette année 1962.
On soulignera également la présence de Jean Lefebvre en sidekick timide et déférent envers son maître, et celle de Madeleine Robinson en ancienne maîtresse désormais rangée, pour une émouvante séquence de retrouvailles dans un restaurant russe.

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le 23 mai 2016

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Val_Cancun

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