La Charte de Munich ? Il s'en cogne ! La distanciation du rapporteur sur l'événement ? Ca l'encombre. Fournir la vérité à des lecteurs cherchant une information objective et pertinente ? Ca ne fait pas avancer une carrière.
Lui, c'est Chuck Tatum, grand journaliste viré de tous les grands journaux du pays, échoué au fin fond d'un bled dont le plus grand quotidien a une rédaction grande comme un photomaton. Il est à la recherche du sujet qui le relancera, lui donnera une visibilité nationale. Il veut que son téléphone sonne, que New York, Chicago et Los Angeles l'appellent et lui proposent des contrats.
Alors quand au hasard d'un déplacement (minable) avec le jeune photographe il apprend que le patron d'un restaurant-bar-boutique de souvenirs est enseveli dans une ancienne habitation troglodytique indienne et qu'il va falloir trois jours pour l'en sortir, il se mue en Picsou dont les neveux viennent de parler d'or inca : ça c'est du fait divers qui se manipule, du sujet sensible, de l'audience empathique (et nombreuse). Il va donc tout faire pour rendre les secours plus longs et visuels, faire pression sur les autorités, la famille, les confrères, et surtout, surtout, s'assurer l'exclusivité !
Quelle condamnable attitude de Tatum, jouant avec la vie d'un homme pour s'en faire un vulgaire sujet d'article quotidien. Mais le public arrivant sur les lieux par trains entiers vaut-il mieux ? C'est tout autant la dérive du journalisme que celle des masses voyeuristes que ce film dénonce.
Ce film date de 1951. 30 ans plus tard naissait CNN. Encore 10 ans plus tard cette même chaine explosait "grâce" à la Guerre du Golfe. Depuis, le standard de l'info c'est abreuver les masses d'infos, tant pis si elles ne sont pas pertinentes, sourcées, vérifiées, le tout c'est d'être le premier à les sortir, pour que l'audience soit de son côté. Quitte à influer sur le cours des événements. Ce film est à la fois un état des lieux et une prémonition.