nager en rond, se mettre au carré ... et se noyer

c'est perturbant d'aimer des acteurs et de les voir patauger dans la soupe.
c'est perturbant aussi d'aimer le mot "communauté" et de voir s'allonger la liste des films communautaristes.
Lellouche (Toledano, Nakache,Bacri ) avait déjà participé au "sens de la fête", où une équipe de bras cassés est portée à bout de bras par un petit entrepreneur poujadiste qui soude et sauve cette famille laborieuse, malgré tout.
Ici des quinquagénaires bedonnants, malmenés par la vie, experts loosers, éternels débutants, refondent une pseudo famille pour aller gagner une médaille d’or au championnat du monde de natation synchronisée devant les athlètes du monde entier. … malgré tout.
Que ces histoires soient peu crédibles (…) n’a rien à voir avec le cinéma, où on adore en voir des bien plus improbables, la question étant de savoir quelle empreinte elles laissent derrière elles.


Synopsis du conte (on peut d’ailleurs noter que le début et la fin du film revendiquent d’apporter une clé de compréhension du monde, et s’auto adjuge d’en avoir fait une démonstration … Sic) :
vos amis sont nuls, ils ne se comportent pas bien du tout, mais personne n’est parfait, ne sortez pas du cercle (Le rond ?). L’important c’est que vous restiez unis. Vous n’avez pas besoin de discuter avec vos amis (le Sri lankais (?) restera totalement incompréhensible) : il est dans le groupe et ça suffit. Si vous avez un chef qui vous mène à la baguette (le Carré ?), que vous acceptez qu’il vous couvre d’injures, et que vous restez bien en rang, comme à l’armée, vous gagnerez une médaille d’Or. Si personne ne reconnait ensuite votre mérite, ce n’est pas grave … vous pourrez porter votre médaille. Et vos mères (vos femmes) seront contentes, elles qui dirigent le monde… et vous transmettent ce que vous êtes (en bon ou en meilleur n’a pas d’importance)


Les quelques gags pauvrets, les clichés de situation, la compassion pour le handicap, voire pour le délitement de l’âge, la musique, sont là comme autant de recettes de marketing de masse et de trucs de télévision pour, tour à tour, perdre ou distraire le badaud et l’empêcher d’exercer son appendice cérébral.


Je rêve que chacun pourrait librement essayer de replacer les schémas qui nous sont servis ici dans les grilles sociales, politiques et religieuses que nous offrent le vaste monde, son histoire et son actualité. … Ce serait salutaire.
Car c'est carrément irritant de voir comment les structures discursives de ces films communautaristes qui nous enjoignent de rester fidèles à nos communautés … malgré tout… enfoncent progressivement, d’une fois sur l’autre toujours plus loin, les structures critiques; et banalisent des choix douteux au nom d’émotions bien pensantes.


On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui … dit on
Ce film devrait achever de nous montrer que si on essaie néanmoins de rire avec n’importe qui, encore faudrait il savoir de quoi on rit.

coramander
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le 7 nov. 2018

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