Les vrais hommes portent des maillots de bain

Oooh, je suis déçu. Je l'attendais avec impatience, ce film, j'y croyais comme pas possible avec ce joli casting, cette affiche, ce pitch. Snif !


L'intrigue est très mal écrite. Le principe du film choral, un genre que je n'apprécie que rarement, ne fonctionne vraiment pas ici : en essayant de traiter de façon égalitaire les 3-4 perso principaux, on se retrouve avec 3-4 intrigues principales bâclées, traitées superficiellement. C'est dommage parce que ça commence bien, avec un point de vue affirmé, avec ce personnage qui devait nous introduire à cet univers. Mais la présentation tarde dans un premier temps, ça stagne... puis on change de personnage, puis encore, puis encore puis on revient au premier parce que c'était pas fini, puis le second, ... et ça dure très longtemps ainsi. On entre donc dans le vif du sujet assez tardivement.


Les situations sont vite expédiées, l'auteur ne prend jamais le temps de développer quoi que ce soit. Ainsi, les conflits paraissent dérisoires et les résolutions trop faciles. Parfois on touche même au misérabilisme et dans ce cas les résolutions ressemblent à des petits miracles (les petits miracles de la vie me dit-on). Les personnages sont bien écrits à la base mais leur exploitation est pauvre dans ce récit mal(e) orchestré. Les traumas finissent même par se ressembler parce que tous ces personnages souffrent un peu de la même chose, c'est donc un peu redondant. Les relations sont pauvrement tissées, ça manque de scène avec une réelle cohésion ; à nouveau ces rares moments entre hommes sont vite expédiés et ne paraissent même pas sincères tant le pathos est appuyé.


L'humour est assez rare et rarement drôle. L'auteur privilégie le drame, et encore parce que ce n'est pas non plus triste à en pleurer. En fait, on reste froid face à ce film qui manque d'humanité. La fin fait d'ailleurs tomber à la renverse : voir tous les personnages transformés pour cette médaille, c'est un peu ahurissant. D'autant plus qu'on ne s'attendait vraiment pas à ce que l'équipe gagne ! Faut dire qu'on passe assez peu de temps sur l'entraînement de la chorégraphie. Ce qui est dommage parce qu'on aurait aimé pouvoir constater l'évolution du groupe autrement que quand ils courent (et encore jusqu'à la fin, on les voit en difficulté).


La mise en scène est soignée ; Lelouche offre quelques jolis plans, que ce soit au niveau de la compo ou de la gestion de la lumière. Parfois on se demande si c'est bien pertinent, si le réalisateur n'oublie pas qu'il est en train de faire une comédie. Non pas qu'il soit interdit d'être ambitieux et créatif dans une comédie, juste que c'est inégal et que certaines scènes sont filmées simplement alors que d'autres sont bourrées d'effets. On trouve aussi de bonnes idées de montage, des trucs qui font penser à des films d'auteur plus 'sérieux'. C'est pas mal, mais à nouveau avec un récit aussi anecdotique, ça paraît gratuit, inutile, vain. Et puis il y a des séquences trop vite expédiées aussi en terme de montage, avec des fondus comme solution pour passer d'une scène à l'autre rapidement. On trouve aussi quelques enchaînements un peu laborieux (j'imagine que le réal s'est dit qu'il ne pouvait pas mettre des fondus enchaînés partout...).


Les acteurs sont bien choisis : un plaisir de voir tout ce petit monde s'affronter. Dommage que les personnages soient si faiblement exploités. De plus, les acteurs s'y mettent à fond et l'on sent une belle alchimie entre plusieurs d'entre eux. Je pensais quand même que les deux moins connus auraient un plus grand temps à l'écran. Et puis y a Katerine, qui sauve un peu le film ; sans lui, ce ne serait tout simplement pas drôle. Parce que tous les autres, même s'ils jouent bien et même si je les aime bien, échouent à faire ressortir l'aspect comique du film. Alors que Katerine, avec son ton si surréaliste et sa voix perchée, n'a besoin que d'une réplique pour tirer des rires. La musique fonctionne globalement ; le côté star du hard rock est comique et le show final est plutôt sympa. Pour ce qui est de la choré, c'est bien foutu, tous les acteurs se débrouillent assez bien. Ce qui renforce la (mauvaise) surprise à la fin, où on voit nos valeureux bonshommes se débrouiller comme des chefs et... remporter la victoire.


Mais merde pourquoi fallait-il les faire gagner ? C'est complètement idiot. D'abord, c'est pas crédible du tout. Ensuite, ça fausse un peu le message parce que ça rattache le bien-être à une victoire officielle. C'est tellement superficiel... aussi superficiel que le comportement de la sœur que l'on croisera dans une dernière scène de supermarché un peu ridicule (ridicule parce que les dialogue sont nuls et parce que le coup de la femme qui en fait comprend tout de la vie, c'est trop facile et que le personnage évolue trop abruptement ici) et du coup on ne sait pas trop où veut en venir l'auteur : faut-il arrêter d'être superficiel et juger les gens bêtement ou pas ? La scène où on voit le beau frère impressionné est trop facile à cet égard. Après, ça aurait pu parler de la superficialité des gens, je suis d'ailleurs d'accord pour dire que nous sommes tous superficiels, nous nous rattachons tous à des choses pas essentielles... je pense que c'est humain. Mais l'auteur échoue à faire ce constat.


Bref, c'est pas terrible.


PS : Alert Spoilers

Fatpooper
4
Écrit par

Créée

le 17 mars 2019

Critique lue 433 fois

8 j'aime

2 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 433 fois

8
2

D'autres avis sur Le Grand Bain

Le Grand Bain
boulingrin87
8

Umour et bandessinées

Gilles Lellouche. S’il fallait faire un portrait de ce type, celui-ci commencerait pour moi par son rôle de gros beauf dans Mon Idole, où on le voyait, le temps de quelques secondes, expliquer d’un...

le 13 juin 2018

102 j'aime

6

Le Grand Bain
Carlito14
5

Quand Lellouche fait le tapin

Je suis allé voir le Grand bain malgré l’agacement procuré par un enthousiasme général douteux. Le film correspond en partie à ce qu’on pouvait attendre, soit une comédie moins intéressée par les...

le 28 oct. 2018

64 j'aime

6

Le Grand Bain
blacktide
7

Incoulables

Il est des séances quelque peu exceptionnelles. Semblables à de l’eau bénite, pour ainsi dire. Non parce qu'elles révolutionnent le Cinéma ou en renforcent l’édifice, mais bien parce qu'elles...

le 3 nov. 2018

46 j'aime

8

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55