Comment parler du chef d'oeuvre de Luc Besson ? Difficile pour moi de dire à quel point j'adore ce film tant il m'a bouleversé et à quel point chaque visionnage est à chaque fois un immense plaisir. Je vais néanmoins essayer d'exprimer mes émotions. La première réussite c'est l'esthétique générale, c'est tout simplement beau, ainsi les premières minutes, quelque part en grêce, en noir et blanc sont d'une beauté photographique à tomber, et même si le reste du film n'offrira plus ces minutes magnifiques, il y aura régulièrement des scènes superbes. Ensuite ce qui vous emporte c'est la musique d'Eric Serra, cette symphonie aquatique vous immerge dès les premières notes et participe énormément à l'alchimie du film, se succèdent les douces flaneries, les morceaux loufoques et les allegros tragiques, l'harmonie image/musique est parfaite, c'est la symbiose. Le CD eut un impact majeur et s'est vendu à 3 millions d'unités dans le monde, dont 2 rien qu'en France, 88 fût réellement l'année "Grand Bleu", l'année Besson/Serra.


L'histoire:
Elle est sublime, elle nous fait découvrir le monde fascinant et méconnu des apnéistes, elle imbrique la vie de Jacques, en compétition avec Enzo, et la rencontre avec Rosanna et leur étrange histoire d'amour. En fait le spectateur est comme Enzo et Rosanna, fasciné par le "petit français", ce plongeur mystérieux, avare en mot et visiblement entre 2 mondes, la terre et la mer. La phase péruvienne du film offre un grand moment de cinéma avec la beauté des images, l'arrivée de la divine Rosanna Arquette, et la plongée sous glacier du beau et énigmatique Jacques. Puis on atterrit en Italie pour un monumental moment humoristique avec Enzo Molinaro, champion du monde de plongée, et sauveteur improvisé d'un plongeur coincé dans un bateau échoué, ça ne se raconte pas, ça se déguste ! J'arrête là pour ne pas spoiler davantage, mais le film se déroule quasiment comme une suite de petits sketches, tout à tour comiques ou tragiques, mais ce qui domine c'est l'humour, le "grand Bleu" reste un film très largement gai. Bref une histoire vraiment originale.


La Distribution:
Evidemment Jean-Marc Barr est excellent dans un registre quand même un peu autistique, et il fait un "grand bleu" très respectable, du coup bien que héros du film il est un peu éclipsé par le tonitruant Jean Réno qui illumine le film avec son interprétation magistrale du champion italien. Leurs rapports sont fait de compétition et amitié, ce qui n'a rien de contradictoire car ils s'adorent et s'admirent mutuellement, même s'ils s'affrontent sans concession depuis l'enfance. Dans ce vieux "couple", vient s'immiscer la pétulante Johanna, assureur américaine, pure New-Yorkaise, belle, ingénue, maladroite, elle campe parfaitement la citadine terre à terre parachutée au pays des dauphins. Mention spéciale pour le sympathique jean Bouise qui joue le tonton félé à la perfection.


Au fil du temps les sentiments qui lient ce trio ne feront que se renforcer, sans que Jacques ne sorte vraiment de sa coquille, malgré tous les efforts de Enzo & Johanna. Un film qui fait du bien, au milieu des dauphins, et qui nous insuffle la sérénité de l'eau, vraiment ça change du tapage hollywoodien habituel, un film vraiment inclassable qui marqua toute un génération et qui j'espère séduira les suivantes.



en Spoiler: les scènes cultes puis mon analyse:



Il y en a tant, petit catalogue de mes coups de coeur:


Enzo et Roberto dans leur FIAT 500 Very Happy
Quand Johanna croise Jacques au Pérou: "mais comment il respire ?" le Doc: "Jacques ? il respire pas "
Spaghetti del mar avec la mamma lol!
Le cocktail au fond de la piscine
La ballade nocturne du dauphin
Etc ...


Analyse:
Le film est assez simple, Jacques vit avec son père et son oncle, on comprend que sa mère les a quitté, sans plus d'explications, et quand son père se noie, il devient orphelin. Grandissant au bord de la mer et avec un papa pécheur scaphandrier, Jacques est aspiré par la grande bleue, pour très vite devenir une espèce d'être mi terrestre mi aquatique, il surpasse son père car lui n'a pas besoin de respirer sous l'eau. Devenu adulte, il est très introverti, quasiment autiste, probablement à cause du traumatisme de la mort accidentelle du père, mais aussi par référence à la mer, ce monde du silence. La scène clé c'est lorsqu'il montre ses photos de dauphins à Johanna et en pleurant il lâche, "c'est ma famille". On comprend immédiatement la carence affective et la rupture avec la terre... la mer c'est sa mère.


Enzo est au contraire un être ayant bien les pieds sur terre, vedette de son village, c'est un égocentriste, italien jusqu'au slip, qui ne vit que pour une chose, être le numéro 1, le champion du monde d'apnée, il ne craint personne, sauf jacques, et il vient le chercher pour en avoir le cœur net. Ces 2 là s'adorent, ils sont quasiment frères de palmes, et Enzo le couve et le protège en essayant de le ramener un peu sur Terre. Lorsque Jacques bat Enzo, c'est le drame, car Enzo ne supporte pas ce qu'il pressentait, et sa mort finira de convaincre Jacques de quitter ce monde pour rejoindre, son père, Enzo et les dauphins, c'est le suicide final.


Dans tout ça, Johanna, délicieuse jeune femme, follement amoureuse de Jacques, représente l'espoir terrestre de Jacques, particulièrement douce, elle essaiera avec patience de le retenir, elle y parviendra presque, mais la mort d'Enzo détruira ce frêle espoir. Jacques est finalement un enfant malheureux et traumatisé, qui fuit le monde réel pour se réfugier dans l'eau, la mer, substitut de la mère qui lui a tant manqué, oui c'est à mon avis la parabole du film, un enfant a besoin de sa mère, un besoin vital et irremplaçable !

MaxiMumuse
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le 5 déc. 2015

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