C'est aujourd'hui que j'ai appris qu'Anémone avait pris le Grand Chemin pour l'Éternité (une semaine après, certes) et du coup, j'ai fait une petite annotation sur la fiche du Grand Chemin...et pour honorer sa mémoire (et la mienne, mais j'y reviendrai plus tard), je me suis dit qu'il était temps que je revoie ce film.
Ce que j'ai fait.


Mmm...
Je pense sincèrement que ce film est l'un des plus beaux sur l'enfance (côtoyant le diptyque La Gloire de mon Père/Le Château de ma Mère), mais aussi l'un des plus beaux rôles et de Richard Bohringer et d'Anémone.


Pour apprécier ce film à sa juste valeur, il faut avoir été un enfant émerveillé par la campagne, car vous aviez pu y goûter dans votre jeunesse et appréciiez ce que vous y aviez vu et connu, comme l'odeur du foin, le chant du coq au petit matin, les poussins dans la basse-cour...
Si vous étiez citadin indécrottable dans l'âme, il est possible que vous n'adhériez pas (compreniez pas ?) totalement - ou pas du tout - à celui-ci.


Pourquoi ?
Parce que Le Grand Chemin est un instantané de la vie à la campagne - ici Rouans en Loire-Atlantique - tel que ça l'était jusque dans les 80's (après, la "modernisation" et l'apparition des supermarchés en milieu rural + ses lotissements hideux ont précipité et à la fermeture progressive des petits commerces et à transformer les villages en lieu de résidence secondaire ou parfois même, en cité dortoirs).
Il est d'ailleurs à noter que Rouans a presque doublé sa population entre le moment du tournage du film en 1987 (soit environ 1750 personnes) et 2016 (2913 habitants).
Pour vous en rendre compte, jetez donc un œil sur ce comparatif Rouans en 2010 et en 1985 (et voyez donc l'expansion affreuse des habitations/lotissements modernes).


http://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-1.861038&y=47.185087&z=15&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS2006-2010&layer2=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS.1950-1965&mode=doubleMap


Bref, ainsi va la vie, tout autant que dans cette chronique sur l'enfance, où le jeune Louis (Antoine Hubert, fils du réal) va apprendre beaucoup de choses et au contact du couple de la Marcelle (une formidable Anémone ) et du Pelo (l'émouvant Bohringer), deux personnes en rupture émotionnelle) et de l'énergique Martine (la virevoltante Vanessa Guedj).
Des deux premiers, Louis apprendra ce que ressentent les grandes personnes et de sa nouvelle amie, la manière de faire les 400 coups, parfois à ses propres dépens (l'art et la manière d'accommoder des civelles à la sauce "maillot").
Par le car vint le bonheur, et ses vacances furent un quart de bonheur dans sa vie...


Jean-Loup Hubert se livre avec ce récit inspiré de sa propre enfance, ce qui apporte une authenticité et une émotion bien réelle et le tout, sans artificialité.


Mais outre ses qualités intrinsèques, ce film a su éveiller en moi mes propres souvenirs et par la même, mes regrets.


Souvenirs d'une campagne qui a su m'émerveiller par:



  • ses senteurs (fruits, plantes aromatiques, pinède et autres sous-bois, mais aussi tout ce qui touchait à la vie à la ferme),


  • ses musiques (les grillons, les cigales, les grenouilles, les oiseaux, le vent jouant avec les feuilles...),


  • ses couleurs (vert bien sûr, mais aussi ocre, orangé, rouge vif...),


  • ses paysages (vallons, collines, ravines,forêts, garrigue, mais aussi ruisseau ou rivière),


  • et bien sûr ses habitations et monuments en pierre de taille...



Mais aussi de séjourner dans ces fermes où le modernisme n'avait pas encore totalement effacé le côté rustique (toilette hors habitation, escalier très étroit, petites fenêtres, chauffage principal via la cheminée au foyer ouvert, pièces au murs biscornus...).


Cependant - et même si j'ai eu la chance de goûter tout ça - je regrette de ne pas avoir été plus attentif, ou plutôt devrais-je dire que je regrette de ne pas avoir su en profiter plus que ça.
De ne pas avoir su m'ouvrir plus aux autres et ainsi de faire connaissance avec par exemple, cette troupe anglaise de théâtre itinérante (le Footbarn Theatre) et surtout la fillette qui avait mon âge...


Pensez, j'aurais - peut-être - pu aussi faire les 400 coups avec elle (tout comme Louis avec Martine dans le film) ou en tomber amoureux mais de plus, j'aurais pu apprendre l'anglais à cette époque ! Ou tout ça en même temps !
Bon, j'ai eu profité d'autres moments avec d'autres camarades de jeu mais pas dans le même décor, c'était plus dans un gros village en phase avec son époque, mais là, ces quelques épisodes champêtres - et ce vent de liberté - auraient pu être bien mieux exploités...


Donc, revenons-en au film: Le Grand Chemin est non seulement un très beau film sur l'enfance et la découverte de la vie (l'amour, l'amitié mais aussi la tristesse et la mort), mais de plus il résonne en moi comme une enfance que j'aurai partiellement "gâché" à cause de mon côté renfermé.


Pour finir, grosses pensées et pour Anémone et pour Christine Pascal (la mère de Louis) qui a préféré en finir avec la vie il y a déjà 23 ans...

Franck_Plissken
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le 6 mai 2019

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The Lizard King

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