Il aurait été tellement facile d’écrire le scénario de ce film d’une autre manière, où la demoiselle jouerait de ses charmes pour séduire les joueurs, se perdrait dans des sentiments non partagés et se ferait avoir.


Heureusement, Aaron Sorkin sait faire bien mieux et préfère aborder d’abord l’aspect enfant prodige de Molly pour qu’on appréhende sa capacité d’analyse et pour qu’on comprenne comment elle a pu être en mesure de comprendre les codes et de créer son propre empire.


A aucun moment on ne prend l’héroïne pour une imbécile, même quand elle perd pied, elle semble rester maîtresse d’une partie du jeu, elle reste le même personnage. La réalité est peut être moins clean, mais en tout cas ça permet au film d’éviter les passages sirupeux pour se concentrer sur l’évolution de l’entreprise qu’elle met en place.
Il y a bien des moments de doute, où Molly se laisse dépasser par les évènements, où elle ne maîtrise plus vraiment, mais elle reste toujours cette personne cérébrale, capable d’analyser et de gérer.
C’est assez rare de pouvoir voir une héroïne qui ne perd pas ses moyens face à l’homme influent ici incarné par l’acteur X (qui curieusement n’a rien à voir avec le porno).


Sur plus de deux heures, et en tenant juste sur son histoire et la manière de la raconter, “le grand jeu” arrive à nous tenir en haleine.
Pourtant on aimerait que la réalisation soit meilleure pour donner au film plus d’ampleur, et on sent parfois les limites d’un réalisateur débutant. On imagine que quelques beaux plans auraient magnifié les parties en mettrant en avant des jeux de regards.
Reste que sans artifices on arrive à suivre Molly, sans savoir si on l’aime ou pas, sans pouvoir déterminer ce qui est vrai ou pas.
C’est curieux parce qu’on ne s’ennuie jamais, on aime suivre le parcours et pourtant on a toujours l’impression que l’héroïne nous échappe. Il y a bien cette conversation avec son père sorti de nulle part pour venir exploiter la psychologie de Molly, mais elle reste cette inconnue qui a saisi l’opportunité quand elle se présentait à elle.

iori
7
Écrit par

Créée

le 24 janv. 2018

Critique lue 261 fois

iori

Écrit par

Critique lue 261 fois

D'autres avis sur Le Grand Jeu

Le Grand Jeu
Behind_the_Mask
8

Jeux de mains, jeux de Chastain

Le masqué, il a failli commencer 2018 en fanfare, vous savez... Car il est passé à deux doigts de l'irréparable. Enfin, surtout le projectionniste, à vrai dire. Il a failli faire les frais des...

le 8 janv. 2018

45 j'aime

2

Le Grand Jeu
L9inhart
5

Le Grand Bluff

Aaron Sorkin est assis à la table. À la rivière sort une Dame. Il a deux paires. Un jeu honnête, mais pas forcément de quoi fanfaronner. Pourtant, Aaron fait tapis. Les autres joueurs se couchent,...

le 3 janv. 2018

39 j'aime

2

Le Grand Jeu
pilyen
5

Paire de sept

Voici un film qui semble sortir à point nommé après l'affaire Weinstein et le questionnement autour de l'image de la femme dans le monde et au cinéma. Imaginez une héroïne intelligente, belle, qui...

le 3 janv. 2018

20 j'aime

Du même critique

Adults in the Room
iori
8

La dette qui avait trop de Grèce (ou l’inverse)

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet...

Par

le 24 oct. 2019

31 j'aime

Jalouse
iori
7

Le cas-Viard

Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite). Karine Viard...

Par

le 14 sept. 2017

27 j'aime

9

Les Cowboys
iori
8

Kelly watch the stars

François Damiens dans un film qui s’intitule “les cowboys”, où il incarne un père de famille fan de country dans les années 90. Voilà une base qui donne envie. Envie de fuir bien loin. Sauf que ça se...

Par

le 18 nov. 2015

24 j'aime

7