Il aurait été tellement facile d’écrire le scénario de ce film d’une autre manière, où la demoiselle jouerait de ses charmes pour séduire les joueurs, se perdrait dans des sentiments non partagés et se ferait avoir.
Heureusement, Aaron Sorkin sait faire bien mieux et préfère aborder d’abord l’aspect enfant prodige de Molly pour qu’on appréhende sa capacité d’analyse et pour qu’on comprenne comment elle a pu être en mesure de comprendre les codes et de créer son propre empire.
A aucun moment on ne prend l’héroïne pour une imbécile, même quand elle perd pied, elle semble rester maîtresse d’une partie du jeu, elle reste le même personnage. La réalité est peut être moins clean, mais en tout cas ça permet au film d’éviter les passages sirupeux pour se concentrer sur l’évolution de l’entreprise qu’elle met en place.
Il y a bien des moments de doute, où Molly se laisse dépasser par les évènements, où elle ne maîtrise plus vraiment, mais elle reste toujours cette personne cérébrale, capable d’analyser et de gérer.
C’est assez rare de pouvoir voir une héroïne qui ne perd pas ses moyens face à l’homme influent ici incarné par l’acteur X (qui curieusement n’a rien à voir avec le porno).
Sur plus de deux heures, et en tenant juste sur son histoire et la manière de la raconter, “le grand jeu” arrive à nous tenir en haleine.
Pourtant on aimerait que la réalisation soit meilleure pour donner au film plus d’ampleur, et on sent parfois les limites d’un réalisateur débutant. On imagine que quelques beaux plans auraient magnifié les parties en mettrant en avant des jeux de regards.
Reste que sans artifices on arrive à suivre Molly, sans savoir si on l’aime ou pas, sans pouvoir déterminer ce qui est vrai ou pas.
C’est curieux parce qu’on ne s’ennuie jamais, on aime suivre le parcours et pourtant on a toujours l’impression que l’héroïne nous échappe. Il y a bien cette conversation avec son père sorti de nulle part pour venir exploiter la psychologie de Molly, mais elle reste cette inconnue qui a saisi l’opportunité quand elle se présentait à elle.