Le Grand Passage
6.8
Le Grand Passage

Film de King Vidor (1940)

Vous ai-je déjà dit à quel point la collection de DVD "classics confidential" éditée par WildSide est une collection prodigieuse et inouïe ?
Non contente de nous faire découvrir une série de films dont la rareté le dispute à l’infinie qualité (http://sens.sc/ScH5L9), elle associe systématiquement un livre de 80 pages au film qui l’éclaire, l’enrichie et en rend la vision jubilatoire. Seul défaut de la série, je vous l’accorde : son prix. Mais je répondrai à ceci deux choses : la qualité se paie et, pour peu que l’on soit un peu patient, on peut espérer une baisse dans les mois à venir.

La dernière livraison (nous sommes en septembre 2012) ne déroge pas à la règle : c’est encore un bijou.

King Vidor s’embarque un peu au dernier moment dans une entreprise qui ne sera jamais loin de le dépasser entièrement, puisque cette adaptation d’un roman à succès des années 30 (sous forme d’épisodes, on rêverait qu’il y ait pu y avoir des suites) emmènera la production pour plus de 6 mois dans des contrées hostiles en pleine et réelle aventure.

L’histoire, tout d’abord, est âpre et débarrassée de toute sensiblerie superflue : en 1759, le Major Robert Rodgers (Spencer Tracy) emmène ses hommes pour expédition punitive sanglante aux confins d’un territoire indien, pour venger soldats et civiles victimes de ces derniers depuis plusieurs années. Les indiens ne sont pas les seuls ennemis puisque ces saletés de français occupent aussi la place (en cheville avec les peaux-rouges, bien sûr). Ce point de départ peu humaniste va être à l’origine d’une aventure au sens large (voyage en canoës, difficultés innombrables de parcours -montagnes, marrés, rivières sauvages-, famine, combats) qui dévoile justement la part la plus noble ou la plus noire de chacun de ses participants. Mais ne nous y trompons pas: le propos est suffisamment rude pour qu’un journaliste des cahiers puisse dire à un de ses collègues, chargé d’en écrire la critique: "quel intérêt pouvez-vous prendre à ce film dont les intentions sont ignobles et la morale absente ?"

Les à-côtés sont cependant nombreux et fameux : on trouve une pancarte "dernier point rhum avant 45 miles", un aspirant peintre qui se retrouve dans la merd… l’armée suite à deux beuveries consécutives, des bisbilles entre irlandais et écossais ou, par exemple, du ragoût de lézard. Les rangers sont beaux comme des robins des bois et le premier d’entre eux, le major Rodgers, qui a vraiment existé (mais en version plus méchante dans la vraie vie semble-t-il) est apparu dans quelques cases de "Fort Wheeling" sous le crayon magnifique de maître Pratt.

Le tout est servi dans un technicolor aussi riche que rare en cette année 1940.
Un film assez rare, dans le ton comme dans la forme, que tout amateur d’aventure SE DOIT de voir.

Créée

le 12 sept. 2012

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guyness

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