Le Grand Rasage
6.8
Le Grand Rasage

Court-métrage de Martin Scorsese (1967)

Born in te U.S.A (Scorcesse didn't was)

J'écris rarement de critique, pour la simple et bonne raison que je ne suis pas doué à cet exercice. Mais pour moi, big shave en vaut la peine. De plus, ce sera plus une analyse qu'une critique. Car j'ai vraiment vécu quelque chose devant ce court-métrage. Pour moi ce n'est pas qu'un simple court-métrage expérimental, mais parlons de cet aspect là, avant de s'attaquer au gros du sujet. Le film commence avec une réalisation de pub : tout est clean. La salle de bain et tout ce qui se trouve dedans est d'un blanc étincelant, l'homme sortant de la douche est tout heureux, tout bien tout beau. En fond nous avons une musique jazzy super joyeuse, qui va rester pendant tout le court. Les plans sont larges et éclairés. On va voir l'homme se raser avec joie, mais qui va aller jusqu'à se couper, et même s'écorcher, mais toujours avec joie. L'aspect dérangeant du court est bien entendu causé par le décalage entre la musique jazzy, le cadre, la réalisation, et ce qu'on voit à l'écran. Ca rend le visionnage super sensoriel, très violent, fascinant quand on se demande ce qu'on a devant nous mais assez pénible a regarder. Et on peut reconnaître la patte de Scorcesse a ce procédé qu'il utilise souvent : mettre un musique légère pour accentuer la gravité de la situation (le dernier exemple en date est l'arrestation de Jordan Belfort et toute son équipe, sur Ms. Robinson de Simon and Garfunkel dans le loup de Wall Street).


Mais comme dit tout a l'heure, ce n'est pas qu'un film expérimental. Il fait partie de ces oeuvres assez vastes mais tout de même assez marquantes et marquées, pour être l'objet de pleins d'interprétations. Celle la plus répandue serait la guerre du Viet Nam. L'homme représenterai le citoyen patriotique ricain, totalement pro-américain. La salle de bain, dans un état parfaitement clean, dont on ne peut faire aucun reproche, serait leur vision idyllique et utopique des U.S.A. Le rasoir serait le symbole de l'arme. Le citoyen va s'auto-détruire à cause du sang qu'il fait couler avec son arme, et va entacher sa nation par sa faute (résumé ultra simplifié). Et le fait qu'il s'auto-mutile n'est bien entendu pas un hasard, cela montrerait que c'esten quelque sorte lui le "bad Guy". C'est l'interprétation la plus cohérente, car pas besoin d'être un spécialiste du cinéma de Scorcesse pour savoir qu'il n'a jamais été tendre avec les U.S.A, encore moins avec la guerre du Viet Nam, et que a peu près tous ces films sont teintés d'un portrait pessimiste sur la société américaine.


Sinon dans les interprétations moins pessimistes mais tout de même pas bien gaie, il y a l'analyse de Jean-Baptise Thoret, plus vaste, comme quoi la période du Hollywood joyeux ou les personnages sont heureux, ou il y a de l'amour, de l'espoir et de la bonne humeur, laissait place au nouvel Hollywood, plus dépressionnaire et noir (représenté par le sang). Comme il l'a dit, "le rasage de l'ancien Hollywood par l'ancien". Sinon dans les plus littérale, ce serait un homme en apparence parfait, monsieur tout le monde, qui va révéler ses fêlures petit à petit. Et je vais cesser de m'éterniser, je ne vais pas donner d'autres interprétations, tant il y en a ! Mais voilà, ça, c'est le génie de Scorcesse. 5 minutes, un homme, une musique, un rasoir, du sang et sans aucunes paroles, juste ton talent, tu nous a pondu un court métrage génial, aux multiples interprétations, et pour réussir ca, faut en avoir sous le capot.

Jonas_Choice
8
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le 7 août 2015

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Jonas_Choice

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