Ce film est dans le même état d'esprit que "Mammuth".
Il a le grand mérite de ne jamais chercher à faire dans la séduction immédiate. Les réalisateurs comme les acteurs sont des personnes qui voient la société dans laquelle nous vivons (ou survivons pour certains) et qui en voient les défauts. Ils insistent sur ce qui les gêne vraiment. Le personnage de Benoît (Benoît Poelvoorde) a le mot NOT tatoué sur le front (et pas sur les phalanges de ses doigts) car il refuse la règle du jeu régissant la société. Comme disait Jean Renoir, "le pire c'est que chacun a ses raisons". La seule valeur à laquelle Benoît croit est la liberté. Il est punk à chien et il survit comme il peut, se refaisant sa crète à la bière. Sa liberté, il la paie cher. Surtout vis-à-vis de sa famille avec laquelle c'est le dialogue de sourds lorsqu'ils se retrouvent à la pataterie tenue par les parents. Son frère Jean-Pierre (Albert Dupontel) est vendeur d'oreillers "intelligents" mais il n'a que la technique à la bouche. Quant au père, il vit au ralenti depuis un souci de santé. Dans la zone commerciale du magasin des parents, Not erre sans but. Licencié, Jean-Pierre va se rapprocher de Benoît (qui lui tatoue le mot DEAD sur le front) et apprendre la vie de zonard. ce sera l'occasion de scènes provocatrices bien dans l'esprit des réalisateurs issus de Canal+. On portera à leur crédit que cette provocation leur permet de renforcer leur discours. Par contre, on en espérait un peu plus d'humour, de percutant. Les deux frères sont malheureusement assez pathétiques. La provocation des bourgeois sagement assis dans un restaurant de la zone fait son effet quand on réalise ce qui se passe. Voilà une réelle idée cinématographique. Sinon, cela manque un peu d'originalité. On assiste essentiellement à des numéros d'acteurs irréprochables, Poelvoorde et Dupontel en tête. J'ai également apprécié Brigitte Fontaine dans le rôle de la mère. Apparitions de Gérard Depardieu, Yolande Moreau et Bouli Lanners.

Le duo de réalisateurs invite donc à la révolte vis-à-vis d'un système déshumanisant dont les zones commerciales dans les banlieues de nos grandes villes sont tristement représentatives.Les mêmes magasins partout, représentant des chaînes repérables à leur mornes chartes graphiques. Qu'elles sont moches nos zones commerciales péri-urbaines. Dans le film, on voit Bègles et Angoulème, mais ce pourrait être n'importe où ailleurs. L'invitation à la liberté et à la révolte est louable. Malheureusement, elle tourne court. Les réalisateurs n'ont pas de réelle solution à proposer. On s'en doutait d'ailleurs depuis le début. Le film mérite néanmoins largement d'être vu.
Electron
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le 16 juin 2012

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Electron

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