Il y a toujours quelque chose de fascinant à aller voir en salle un vieux film poussiéreux puisque sortie cinéma rhytme avec actualité. En plus, sur grand écran on peut percevoir des choses plus facilement que sur sa télé : par exemple, je n'avais jamais remarqué à quel point Humphrey paraissait si petit et chétif.
J'ai été déçu par le film. Il n'y a pas grand chose à dire de la mise en scène, très classique pour l'époque, et donc facilement démodée aujourd'hui. Elle n'est pas mauvaise, hola non, mais avouons le, rien de bien audacieux n'émane de la photographie. On pourra tout de même apprécier l'humour (in)volontairement distillé lors de la direction d'acteurs; en effet il y a un petit côté Z qui émane de ce film, notamment par la façon dont les personnages interagissent entre eux. Tout y est surréaliste. Comme dans un rêve. Le grand sommeil, finalement, c'est celui du spectateur qui assiste à des scénettes décousues mais non dépourvues de charme.
L'écriture est vraiment ce qui m'a le plus perturbé. Ça débutait plutôt bien. Les répliques sont drôles, les agissements des personnages sont étranges et attisent la curiosité. Mais l'intrigue en soi ne m'a pas vraiment plu. C'est à dire que tout se résout dans des dialogues étranges, durant lesquels ce sont surtout les ennemis qui révèlent leur nature sans aucune raison et Bogart qui, passivement, ne fait que récolter les informations. A la limite, cette façon de faire a de quoi amuser. Surtout que durant la première heure, le scénariste semble plus préoccupé des pouvoirs de séduction de son personnage principal plutôt que par la trame policière. Mais durant la seconde heure, ces éléments humoristiques digressifs disparaissent au profit d'une accumulation de retournements de situation attendus. Les explications ne servent pas vraiment à rendre logiques les actions des uns ou des autres, ça on l'a très vite compris, mais ce qui déçoit c'est que les twists finissent par ne plus s'arrêter, jusqu'à un final qui m'a complètement perdu par rapport à la trame et par rapport à mon empathie pour les personnages. Et oui, je me suis rendu compte qu'en fait, j'en avais rien à fiche de toute cette mascarade. Le plus râlant, c'est qu'on ne revoit jamais le père, qui est pourtant un personnage intéressant, puisqu'il est celui qui est le plus largué dans cette histoire. Dommage.
Bref, The Big Sleep ne m'a conquis comme les millions de fans de ce films : si la mise en scène est correcte, le scénario m'a paru décousu, long, peu intéressant, sauf durant la première heure ou un certain second degré traversait l'intrigue.