Un film réussi doit être compréhensible (il n'est nul nécessaire de tout comprendre de suite, mais à la fin tout doit devenir clair). Il doit aussi être compréhensible de par sa simple vision : c’est-à-dire sans être obligé de le revoir x fois, de prendre des notes, de lire les ouvrages spécialisés ou le roman qui l'a inspiré. Or nous avons ici un scénario confus et il l'est dès le départ quand le vieux commence à parler à Bogart de "Pierre, Paul Jacques" sans que l'on sache exactement qui ils sont et ce qu'ils manigancent. Présenter trop de personnages en même temps est une faute de narration classique, Hawk tombe en plein dedans, il réitère la même faute dans une interminable scène de blabla où il est encore question de "Pierre, Paul Jacques" (pas forcément les mêmes). La légende de ce film repose sur son affiche, le couple Bogart Bacall étant là pour attirer les foules, les foules sont venues, ensuite les critiques ont encensé Hawks… Pourtant si la direction d'acteurs est très bonne, si Bogart (qui fait du Bogart) est bon, Bacall nous fait du service minimum et osons le dire n'est même pas particulièrement sexy. Martha Vickers est bien plus sensuelle et Dorothy Malone est bien plus glamour. L'action à laquelle (au risque de nous répéter) on ne comprend rien (quel est l'objet du chantage ?) va de rebondissement en rebondissement avec ses faux traîtres et ses vrais traîtres et quand c'est fini ça recommence… A force c'en est lassant. Il faudra un jour admettre qu'Hawks fut un réalisateur moyen, ses derniers films sont catastrophiques, ses seuls réussites étant l'impossible Monsieur Bébé et Scarface (lequel doit essentiellement à Howard Hugues)