Vague à l'âme Rising.

Ah mon premier Refn ! Mon premier contact avec le réalisateur danois et mon premier coup de coeur dans sa filmographie. A l'instar des dernières production de N. Winding Refn, le scénario tient sur un timbre post. Un guerrier muet s'émancipe (brutalement) de ses maîtres et part vers sa destinée en étant guidé par des visions. Un enfant l'accompagne et après une rencontre avec des vikings chrétiens, ils embarquent en direction de la Terre Sainte.

Ce voyage sera l'occasion d'admirer de superbes paysages. Ceux des Highlands écossais. Magnifiés par une photo exquise, Refn a su trouver des plans justes pour mettre en valeur les décors naturels qui l'entourait. On a beau avoir peu d'information sur l'époque où se déroule l'action, on sent pourtant que tout est cohérent et en osmose avec les protagonistes. Tout est réaliste. Froidement réaliste.

Car froid et réaliste, One-Eye, campé par Mads Mikkelsen, l'est. D'un charisme magnétique, il capte l'attention du spectateur et le fascine. Gueule burinée, cicatrice sur on oeil mort, tatouages tribaux et guerrier redoutable autant que redouté; One-Eye ne s'oublie pas. Il crève l'écran. (Comme son oeil). Il va guider les vikings au même titre qu'il guidera le spectateur à travers 6 chapitres. Car oui, c'est son histoire qu'on suit et lui seul en connaît la direction.

A l'instar de Only God Forgives, Refn brouille les codes de la narration et oblige les spectateurs à l'accepter. Car en cas de rejet de cette vision, on passe à coté du voyage. J'ai lu que certains avaient trouvé la traversée en bateau "vide" et "chiante". Pour ma part, je la trouve réaliste et passionnante. En revoyant le film, j'ai remarqué encore d'avantage à quel point la détresse habite ces hommes. Et en cela, la réalisation de Refn est à nouveau à saluer.

Pas besoin de blabla et de longues tirades pour saisir les nuances d'une situation. La réalisation et le faciès des acteurs (tous très impliqués soit dit en passant) le font pour nous. La relation qui se tisse entre One-Eye et le gamin en est la preuve. A la place du gosse, j'aurais agi comme lui. Quitte à être un gosse perdu je ne sais où dans la brume, autant avoir un guerrier sans pitié de son coté. Personnellement, j'ai vraiment eu de l'empathie pour ces deux là.

Un peu moins pour les Vikings par contre. Peut-être la faute au découpage. Ou tout simplement parce qu'ils ne sont que des faire-valoirs de One-Eye. D'ailleurs en parlant du découpage en chapitres, je ne suis pas très fan. Je trouve ça assez inutile. Pas désagréable mais juste dispensable. Un petit peu comme les visions. Mais pour ces dernières, j'imagine que leur présence est légitimée par le coté quête que mène le guerrier silencieux. Voire pour indiquer au spectateur qui commence à somnoler, car déçu de ne pas être face à un film d'action, que ça va bientôt saigner.

En tout cas, je conseille ce film à tous ceux qui ont apprécié les oeuvres les plus récentes de Refn ; à savoir Drive et Only God Forgives. Bronson est différent et je n'ai pas encore vu la trilogie Pusher ni Bleeder donc je ne me prononce pas sur ces films. Mais ce Guerrier Silencieux mérite qu'on lui consacre 1h30 de son temps. Ne serait-ce que pour ses décors et son personnage unique interprété magistralement par Mads Mikkelsen. Bref, un second visionnage que je ne regrette pas absolument pas !