Un brouillard contemplatif ennuyeux parsemé d'éclairs de génie...
J’estime énormément le travail de Nicolas Winding Refn, mais ici, impossible de ne pas hausser un sourcil (voire même les deux) devant son sixième long-métrage : intitulé Valhalla Rising, ce film prend la forme d’un ovni cinématographique hautement contemplatif, délesté en grande partie de tous dialogues, et faisant preuve d’un rythme lent, vraiment lent.
L’intrigue, si l’on peut l’appeler ainsi, brille de par son manque concret de contenu tangible, le scénario se contentant de suivre les pas de One-Eye/Le Borgne, un guerrier muet ; et comme si cela ne suffisait pas, les divers protagonistes égayant son périple sont tout autant peu bavards, comme si la moindre des interventions orales avait été autorisé au compte-goutte.
Dans le fond Valhalla Rising se révèle donc avare, et l’on suit dubitatif ce spectacle avant tout visuel ; de ce côté-là, hormis quelques plans étranges, la photographie du film est splendide, un point louable donc.
Et si l’absence ambiante de dynamisme risque d’en dérouter plus d’un, le long-métrage de NWR arbore peu à peu divers éléments permettant de poursuivre son visionnage … avec une fascination latente.
En ce sens, comment rester insensible à la présence charismatique de Mad Mikkelsen ? Même privé de la parole, l’acteur fétiche de Refn éclabousse de toute sa prestance ce film bien trop souvent inerte, lui redonnant dès lors un second souffle inespéré ; pour le reste de la galerie, un air d’authenticité parcours les diverses interprétations secondaires, achevant de nous convaincre de ce côté-ci.
Autrement, Valhalla Rising nous surprend au terme de deux séquences éclaires, où la mise en scène implacable du cinéaste danois se rappelle soudain à nous ; c’est certes peu, mais on est conquis malgré tout, nous amenant ainsi ne pas trop souligner les défauts indubitables du film.
En fait, et en guise de conclusion, parler ici de défaut semble malvenue : Nicolas Winding Refn donne l’impression d’avoir fait le pari d’un film onirique et magnifique visuellement, sur un thème pourtant sujet à un contenu plus… rythmé, musclé etc (les vikings).
Mais la prestation formidable de Mikkelsen, en plus de quelques scènes nous laissant pantois, donne à Valhalla Rising un air captivant ; le naufrage a donc été en partie évité, mais difficile de plaire au grand public.