Au moins, Nicolas Winding Refn aura tenté autre chose en s'attaquant au passé, et plus précisément aux environs du Xème Siècle écossais. Ceci dit, on reste dans la violence, mais avec cette fois-ci l'aspect contemplatif qu'il ne lâchera plus. Quoique pour ma part, niveau originalité, Le Guerrier Silencieux me semble reprendre pas mal d'aspects d'Aguirre, la Colère de Dieu, mais dans le ch'nord...


Découpé en une demi-douzaine de chapitres, le film reprend lui aussi les thèmes de colonisation, d'évangélisation et de folie du conquérant fanatique en quête de terres promises. La différence principale étant qu'ici nous suivrons un guerrier dont on ne saura jamais rien, et non le chef des colonisateurs chrétiens qu'il finira par suivre. Ce guerrier borgne et muet donc, que nous découvrirons prisonnier (Mads Mikkelsen), devra d'abord tuer ses "collègues" au cours de joutes inévitablement mortelles pour survivre. Bien sûr, ce barbare aussi puissant qu'effrayant finira par s'échapper, suivi par un enfant esclave qui profitera de l'aubaine pour ne plus le lâcher d'une semelle. Le truc sympa étant que le gosse traduira les pensées du guerrier muet, comme par télépathie. On n'y croit pas trop, mais l'idée reste bonne mine de rien.


Cette première partie gore et peu bavarde a au moins le mérite de captiver, et l'esthétique des paysages nous en met plein les yeux, comme certains rêves étranges du borgne - parfois prémonitoires. Et si l'on ne souffre pas encore du rythme, sa chute imminente deviendra la plaie du film une fois un groupe de chrétiens vikings rencontrés. Mais quelle lenteur ce voyage en bateau ! Une purge inutile malgré sa conclusion maline. La dernière partie que cette interminable balade entamera, plus contemplative mais surtout très confuse, ayant toutes les peines du monde à me convaincre - en dehors de la magnifique scène finale. On notera d'ailleurs que pour une fois, les silences fonctionnent mieux que la musique proposée par le réalisateur danois.


Au final, s'il y a quelques bons passages à se mettre sous la canine, on s'ennuie plus qu'autre chose devant ce film. La faute à un scénario trop linéaire et limité. Et la relative incompréhension des enjeux (qui j'imagine se situent autour de l'errance humaine) se fait d'autant plus ressentir que le personnage principal s'avère assez difficile à suivre et à cerner. Trop de mystère tue le mystère, surtout lorsque la violence primitive en est le principal vecteur.


Ma première déception "refnienne".


5,5/10

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le 3 juil. 2016

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RimbaudWarrior

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