Comme l'a dit un jour le vénérable Tom Jones dans l'improbable Mars Attack!: «Que-ce que c'est que cette merde ?» ...

Je suis déçu. Parce que oui, j'y croyais moi à cette nouvelle saga. Loin d'être exempts de tous défauts, les 2 premiers épisodes avaient au moins le mérite de prolonger mon voyage en Terre du Milieu, et merde ce n'était pas rien ...

Nous retrouvons donc nos joyeux lurons au même endroit que l'an passé. Smaug termine au napalm une Venise déjà morne tandis que l'adroit batelier le cible dans son viseur. Quelques essais foireux, histoire de prolonger le suspens insoutenable, et il terrasse le vil serpent en moins de 3min30. Le principal ennemi donc, dont on nous rabâchent les oreilles pointues depuis 2 films, est mort. Moi je veux bien, mais quel est l'intérêt de ce caméo ? Ils pouvaient pas rajouter 5 min au film précédent, non? Cette séquence d'ouverture est la définition même de l'expression « comme un cheveu sur la soupe ».

Visiblement peu emmerdé par les soucis d'une quelconque cohérence, Jackson nous expédie en moins de 4 scènes l'autre grande intrigue du voyage inattendu: la résurgence du Lord Sauron. Dans un tourbillon d'effets numériques plus dégueulasses les uns que les autres, La décidément bipolaire Galadriel, renvoie le seigneur des ténèbres entre ses 4 murs du Mordor. L'affaire est pliée, on peut enfin passer à autre chose. Je suis sur que si on écoute bien, on entendrai presque Jackson en fond sonore se frotter les mains et pousser un ouf de soulagement ...

Dans le futur, Bilbo dit un jour à son ami Gandalf qu'il se sentait comme du beurre étalé sur une tartine trop longue. Le matériel de base étant quasiment épuisé, cette sensation n'a jamais été aussi vraie. Ce reproche courrait déjà les 2 premiers volets, mais pris dans la dynamique enjouée du récit, ça ne me gênait pas.

Parce que se profile à l'horizon noir d'orques crasseux, la véritable raison de ce troisième film: La grosse baston finale !
Mais encore une fois, ça tombe complètement à plat. A peine le temps d'expliciter les enjeux, que les armées sont déjà dans les starting-blocks. La boucherie visuelle d'1h30 peut enfin débuter ...

Une purge franchement, aucun autre qualificatif ne me vient à l'esprit. C'est dommage de finir cette saga de cette manière: sans panache, sans scénario, sans charme, sans rien ... Même les scènes de guerre, habituellement la force créatrice de Jackson, nous emmerdent royalement. On est à des miles et de miles de la puissance dégagée par les combats épiques du Seigneur des Anneaux. Il y a ici une espèce de surenchère dans l'explosif, le grandiloquent. Je ne parle même pas de Légolas, trapéziste à ses heures perdues, qui sautille d'orques en gobelins avec une facilité ridicule. En parlant de l'elfe, il faudra vraiment m'expliquer la raison de la la petite info qu'on nous balance sur son elfe de mère. Encore une piste lancée en vain car complètement sous-exploitée...

Des choses à sauver dans ce marasme? Oui, quelques personnages font très bien le boulot. Lee Pace notamment, qui campe un Thranduil belliqueux mais nuancé. Les nains sont plutôt cool aussi. Certains ne servent évidemment à rien, mais les 4 ou 5 qui tirent leurs haches du jeu sont convaincants. Comme j'ai envie d'être gentil, je vais éviter de causer des couches et des couches de retouchages Photoshop qu'on leurs infligent par contre, on ne tire pas sur la charrette ...
Quelques jolies scènes çà et là, une riche idée de mise en scène justement pour nous montrer un Thorin face à ses démons, une certaine virtuosité dans les duels de capes et d'épées aussi, parfois hein, faut pas déconner non plus.
Un bien maigre butin pour ceux partis retrouver l'Or de la Terre du Milieu.
Liverbird
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le 13 déc. 2014

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Liverbird

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