Diantre que tout cela est long une fois de plus. Et comme pour le premier je n'en comprends pas trop la raison.


Chaque scène est étirée au maximum mais sans pour autant nourrir les dialogues, les personnages ou les situations. Ça parle souvent pour ne rien dire. La différence avec le premier volet, c'est qu'il y a plein d'intrigues en parallèle (l'influence des séries je suppose), du coup on a l'impression qu'il se passe plus de trucs. Mais si on analyse chaque segment, on constate que tout se déroule trop facilement, que chaque récit comporte beaucoup de blancs, de passages qui ne servent à rien ou bien que les avancées sont mineures. Une bonne nouvelle tout de même, les moments 'nostalgie' sont nettement moins mis en avant (même si l'idée d'avoir à nouveau un objet convoité qui possède son possesseur fait beaucoup trop écho à l'intrigue de l'anneau gastrique de la première trilogie sans pour autant réussir à toucher le spectateur vu que ce n'est abordé que très superficiellement).


Les conflits sont heureusement un peu plus présents et les personnages sont un peu plus traités en profondeur. N'empêche que ça reste faible, qu'on est loin de l'attachement espéré. Le plus triste, c'est le manque de volonté des personnages, preuve qu'ils sont très mal traités, mal caractérisés, mal exploités : je pense aux douaniers qui changent vite d'avis, je pense à la foule encore pluis bête que dans les théorie de LeBon, je pense aux nains qui après un film et demi décident d'abandonner la quête parce qu'ils sont pas fichus de trouver une serrure, je pense au Dragon qu'il suffit d'appeler à l'opposé de la pièce pour qu'il abandonne ses proies... Quant aux nains, ben ils sont toujours aussi peu intéressants aussi peu individualisés... d'ailleurs, quand ils se séparent, il y en a un autre qui rate le bateau et tout le monde s'en fout : les nains sur le bateau comme les spectateurs... je veux dire : ils sont censés combattre ensemble un énorme dragon, l'idéal n'est-il pas d'être tous là côté à côté ?Pour en revenir aux résolutions, elles sont souvent faciles : un peu moins de deus ex machina, ce qui est bien, mais des solutions où l'on se dit,'quoi, c'est tout, il suffisait de faire ça?'.


Je trouve que l'objectif perd de sa force dans cet épisode. Je n'étais peut-être pas assez attentif durant le premier film, mais j'ai eu l'impression, ici, que les nains voulaient juste récupérer ce précieux bijou et rien d'autre. C'est tellement idiot, surtout quand on repense qu'ils avaient l'appui de Gandalf, qu'ils ont rencontré Hobbit et Elfs pour ça... 'tout ça pour ça' je me suis dit.


Il y a aussi des situations où l'on ne comprend juste pas comment ça peut tenir. Le plus gros, c'est la survie des nains à la fin, dans cet endroit confiné. On ne comprend pas trop comment ils parviennent à échapper à son odorat, à sa vue, à ses flammes, et encore moins comment le dragon peut tomber dans des pièges aussi grotesques. Et puis tout au long, les conflits sont trop faibles pour qu'on y croit ; les résolutions sont simples et faciles parce que les conflits n'ont jamais l'air de vraiment poser problème.


C'est parfois dû à une mauvaise gestion de l'espace au niveau de la mise en scène. On ne sait jamais vraiment quelle est la taille du Dragon, ça change tout le temps. On a ri du délire de Emmerich avec "Godzilla", je ne sais pas trop pourquoi ici ça ne choque pas. C'est d'autant plus gênant quand des personnages semblent traverser des pièces gigantesques en quelques pas tout en gardant une avance sur le Dragon... d'ailleurs toute cette séquence avec le Dragon est juste imbuvable visuellement : qu'il soit agile, je peux le comprendre, mais là franchement, il pourrait participer au cirque du Soleil tant il se déplace avec facilité. C'était une très mauvaise idée d'étirer ces scènes d'intérieur avec le Dragon, surtout avec une telle mise en scène. En fait, je crois que Bay aurait fait mieux, son Dragon aurait été nettement plus brutal, violent et il aurait tout cassé... Jackson, lui, il se contente de tourner autour, de multiplier les travelling autour de la bête au point de ne plus trop savoir où on est. Ces mines ont beau être gigantesques, les mouvements de la bête ne sont jamais crédibles.


Faut dire que Peter Jackson a bien déconné sur ce film : il fourre des travelling à la moindre occasion, ne trouve que rarement des idées visuelles intéressantes, la plupart du temps il s'en tient à rapprocher ou éloigner la caméra pour faire de l'effet. Ça marche en un sens, car ça bouge, on se sent captivé, surtout qu'il a mieux soigné la lisibilité de son action que dans le premier volet... n'empêche que c'est découpé n'importe comment, en témoigne ce trans-trav de quelques secondes lorsque le héros humain retrouve la tapisserie, un artifice totalement inutile, qui ne raconte absolument rien (on imagine que ce devait être un impact pour le héros, mais c'est tellement con de faire ça pour une donnée si peu importante), d'ailleurs on dirait que le monteur a raccourci le plan au maximum afin qu'on ne remarque pas trop ce choix stupide.


Il reste des scènes intéressantes et on sent que Jackson avait la volonté de faire quelque chose d'impressionnant, comme par exemple la scène de la rivière. Mais c'est raté. Parce que ça pue les CGI bien pourris (comme par exemple ce combat de Gandalf avec ses boules d'énergie), on dirait que tout se passe au ralenti, Jackson n'exploite pas assez bien son idée narrativement et puis surtout, puisque tout est numérique, pourquoi n'avoir pas été au bout de l'idée en proposant un seul plan séquence du début à la fin ? Vu le budget, vu le manque de gêne à l'idée de tout tourner sur écran vert, je ne comprends pas pourquoi Jackson n'a pas été plus loin lors de cette séquence ; ça serait toujours aussi moche de voir une telle bouillie d'effets spéciaux, mais au moins on aurait pu avoir une séquence impressionnante.


Il y a un côté jeu vidéo encore plus présent dans cet épisode que dans le précédent : à cause des mouvements de caméra, de l'impression de cinématique dès que les personnages s'arrêtent pour parler, à cause de la caméra qui suit les personnages de dos pendant l'action, à cause de scènes d'action commencées par des acteurs et terminées par des remplaçants numériques.


La musique est moins présente que dans le premier volet. Mais ici, c'est l'effet inverse que ça produit : l'impression qu'on a oublié d'engager une équipe son sur certaines séquences. Je pense à la fin, avec le dragon, il n'y a pratiquement pas de bruitage, pas de bruit d'air, rien, juste le Dragon qui parle et qui s'envole. C'est pauvre.


Ha j'oubliais de parler de cette histoire d'amour naissant entre le nain et l'elfe. C'est tellement bête. Et en plus, au niveau du montage, c'est vraiment n'importe quoi de nous fourrer ça alors qu'en parallèle on voit les autres personnages en baver.


Et arrive cette fin, avec le bon gros cliffhanger. J'ai cru que le Dragon allait être terrassé dans ce second épisode tant l'auteur fait s'éterniser les séquences le concernant... et bien non... ce qui ne laisse rien présager de bons pour le troisième volet qui, je suppose sera plus accès sur les ramifications entre les deux trilogie que sur la vraie quête du Hobbit. Parce qu'au fond c'est plus ça que ça raconte cette trilogie : comment Mordor a repris du poil de la bête. Smaug n'est plus qu'un prétexte pour nous parler du seigneur des anneaux. Et c'est dommage parce que du coup le film ne parvient jamais vraiment à exister pour lui-même. Même si les séquences concernant Smaug sont plus longues que les autres.


Il y a tout de même une audace dans ce film, même si c'est très mal exploité : mettre en scène un Dragon qui ne s'envole qu'à la fin (si on oublie le flashback bien dispensable de l'attaque), c'est plutôt couillu. Après, il aurait fallu une mise en scène plus adaptée, plus intimiste plutôt que de viser au spectaculaire forcé, tout comme il aurait été bon de retravailler les dialogues, de jouer sur le double-sens, d'exploiter les traits de caractère de chacun (on sent que le Dragon a le gros cou et qu'il essaie de manipuler, mais tout cela est exploité avec une telle pauvreté...).


Il y a une scène à sauver ou presque : celle où la famille du héros humain se fait attaquer par les Orcs tandis que les nains oubliés se soignent. Cette invasion est assez fun, on se souvient des premiers films de Jackson plus grotesques mais plus assumés et plus amusants. Dommage que le tout soit gâché par l'arrivée des deux elfs (deus ex machina) ; ceci dit, ce qui est marrant avec le Legolas de cette trilogie, c'est qu'il a l'air d'un vrai psychopathe. C'était un peu le cas dans la première trilogie avec ses délires 'ho le soleil est rouge, il y aura beaucoup de sang, je ne dors que trois heures par nuit et je me sens bien', mais ici, il a juste pété un plomb et il a une grosse haine dans le regard qui le pousse à massacrer autant d'ennemis que possible. Il fait un peu peur. Et les yeux des elfs font aussi penser au Village des Damnés.


Bref, cette suite est assez mal torchée et comporte tout ce qui ne va pas dans le blockbuster actuel : trop de personnages, trop d'intrigues en parallèle, une volonté de se prendre au sérieux, trop de spectaculaire, trop de longueurs inutiles, trop de CGI... quelle tristesse. C'est donc plus mauvais que le premier film au moins au niveau de la narration mais, paradoxalement, ça se suit plus facilement parce qu'on a l'impression qu'il se passe plein de choses (même si ça n'avance pratiquement pas).

Fatpooper
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le 24 sept. 2016

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Fatpooper

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