De la Forêt Noire à Erebor, en passant par Dol Guldur.
En me levant ce matin, l’écho de la voix de mon frère résonnait dans mon crâne un peu vide, aujourd’hui était la sortie du nouveau Peter Jackson. Jusque-là, mon attention ne s’était pas penchée plus que cela sur cette nouvelle œuvre tirée de l’univers fantasque et grandiose qu’est celui de Tolkien. Maintenant que le moment se présente, à bien y réfléchir même, il faut que je le vois. On est parti, quarante-cinq minutes de route pour arriver un poil en avance et ce n’est pas du luxe, la foule est déjà assemblée à l’entrée du cinéma. La séance va être mouvementée.
Beaucoup d’appréhension en entrant, je dois l’avouer. La trilogie du Seigneur des anneaux est une œuvre que je ne manque pas de regarder le plus souvent possible, un émerveillement total à chaque fois. Cependant, malgré l’affiliation de cette nouvelle trilogie par rapport à l’ancienne, le sentiment est plus mitigé. Peter Jackson a eu son moment de gloire en adaptant d’une manière singulièrement réussie la trilogie de l’Anneau, mais voilà, The Hobbit, ce n’est pas une aventure épique, mais bel et bien un conte pour enfant de seulement trois cent pages. Alors oui, trois films pour trois tomes, composant six livres, c’est parfait, d’autant plus que Jackson dispose des moyens de le faire. Il nous dépose douze heures de film intense, épique.
Cependant, ici, ce n’est pas une question d’épique, c’est une question d’émerveillement. Copiant, collant la narration de la Communauté de l’Anneau à Un Voyage Inattendu (à mon sens, beaucoup trop de clins d’œil et de paysages diluant l’intérêt du film), il est clair que ça ne peut pas être le cas pour La Désolation de Smaug. Du coup, nous voilà avec un nouveau film de 2h45 qui nous situe à l’arrivée de notre compagnie à la chaumière de Beorn, un homme pouvant se transformer en ours. Suivant une logique que je pensais plausible, je m’attendais donc à voir le passage dans la forêt noire, comprenant les araignées et les elfes sylvains, pour ensuite avoir un passage sur Bourg-du-Lac et la mort de Smaug, laissant le champ libre à la cupidité des nains puis à la guerre des cinq armées pour conclure la trilogie.
Et bien non.
On nous livre une course qui s’étale sur une longueur qui ne semble jamais finir. Si j’ai adoré l’ensemble des faits liés à la forêt (Beorn, araignées et elfes), je n’ai pu avoir qu’une chose en retour : l’amourette entre un NAIN et une ELFE ! Que l’on me comprenne, je n’ai rien face au fait que Jackson invente le personnage de Tauriel (surtout pour que l’on ait Evangeline Lily à l’écran). Mais qu’il nous inflige une pathétique histoire d’amour qui ne trouve pas sa place au cœur de l’histoire, je m’en excuse, mais non ! Il en va de même pour le passage de Gandalf à Dol Guldur, qui, de mémoire, n’apparaît pas dans le livre (donc probablement dans les appendices). Ce passage est réellement agréable à suivre, mais il est regrettable qu’il ne soit là que pour combler des zones laissées vides par l’étirement de l’action sur non pas deux, mais trois films, puisque les non-initiés confondront probablement Dol Guldur avec Barad-dûr, que Sauron occupe au cœur du Mordor.
Lorsque l’annonce avait été faite d’un film sur l’histoire de Bilbon, j’étais réellement plus qu’enchanté, de par l’idée de parcourir de nouveau la Terre du Milieu, mais cette fois-ci sous le signe de l’émerveillement et de l’enchantement. Or, Jackson reste dans les cadres bien lisses de sa première trilogie, voguant sur la vague du Seigneur des Anneaux. Il est triste de voir ainsi l’œuvre originale enfantine laissé de côté à profit de la violence omniprésente de la guerre.
Puisqu’il s’agit d’une critique, je toucherais cependant un mot sur les effets techniques du film, car malgré ce coup-bas planté par les deux heures d’attentes avant de voir Smaug, il n’en reste pas moins que le film est magnifique, que Smaug se laisse désirer, mais que sa présence à l’écran est un régal pour les yeux (comme l’a dit mon frère en sortant : «Je me suis contenté de regarder le dragon. »), de même que pour les paysages. Je regrette cependant certains plans numériques qui sont un peu en deçà du reste.
Je retiendrais de cette Désolation de Smaug, une attente interminable pour enfin voir le dragon, une romance entre elfe et nain niaise et mal menée ainsi qu’un film beaucoup trop long ponctué de passage tiré certes de l’univers de Tolkien mais dispensable pour comprendre la quête des nains.
6/10, parce que je suis résolument fan des paysages, des nains, de Tolkien et de tout ce qui touche de près ou de loin son univers fantastique.
+1 parce que Smaug est spectaculaire.
+1 pour la VL