Puisque qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, chaque film de l’univers Tolkienniste est attendu avec un peu plus d’impatience et de désidératas que le précédent. J’en veux pour exemple le Hobbit un voyage inattendu qui, bien que merveille de technique graphique, de scènes épiques, d’utilisation de la 3D et de bien d’autres choses encore, reçoit souvent des remarques négatives parce que l’expectative suscitée par dix ans d’espace depuis Le Retour du Roi a créée un besoin impérieux que chaque film de la saga soit LE film de sa génération.
Or, on sait très bien que les meilleurs trilogies sont réalisées en trois films…
Je veux dire par là qu’il est de toute façon très difficile de juger un film d’une trilogie narrative, c’est-à-dire vraiment construite dès le départ pour être les trois étapes d’une odyssée, sans avoir le produit fini entre les mains. Quand les Deux Tours sont sorties, j’avais été assez déçu par un film que je jugeais pâle, sans mouvement, sombre. Mais j’ai depuis pu voir qu’il s’agissait de la base de la structure qui devait permettre d’édifier le volet suivant de la trilogie, de même que la Communauté de l’Anneau était le ciment qui permettait de poser cette structure sur un sol propice.
Trêves de bavardages, le parallèle avec les Deux Tours est fait. La désolation de Smaug, comme son nom le laissait présupposer, est également un film sombre à outrances, qui pose les différentes intrigues qui seront dénouées dans un an. Comme les Deux Tours, on peut questionner certaines scènes. Egalement, on peut regretter la diminution de la note épique qui caractérise les premiers et troisièmes volets des trilogies (premier volet, l’épique des personnages, dernier volet l’apogée de la bataille).
Mais la désolation de Smaug reste un monument. Déjà, techniquement, c’est l’un des, si ce n’est l’unique, films les plus impressionnants qu’il m’ait été donné de voir. Chaque détail a été travaillé extrèmement minutieusement. Les décors des salles d’Erebor feraient passer Minas Tirith pour un décor de Garfield. Les personnages sont saisissants de détails, de réalisme, criants de vérité dans les plus infimes seconds rôles, comme les premiers bandits rencontrés dans la scène initiale du film dont on s’imagine immédiatement qu’ils auront un rôle extraordinaire dans l’histoire tant leur présentation é été soignée.
Ensuite, si l’histoire est dure, elle est surtout belle et rythmée. Elle fait appel comme souvent à la variété des personnages pour créer des scènes d’anthologie. La scène de Mirkwood est extraordinaire, la scène d’Erebor est à couper le souffle.
Enfin, et surtout, le film est d’une richesse incroyable. On ne voit pas passer les trois heures, mais on a l’impression que le film en dure six, tant le menu proposé peut nous paraître riche en comparaison du faible remplissage de certains films qui durent le même temps. Bombur a renvoyé Adèle dans ses vingt-deux mètres, pour le coup.
J’ai donc été surpris par ce second volet de la saga, à bien des égards, parce que je ne m’attendais pas à un film de ce genre. Naïf que j’étais, la Désolation est fidèle à son titre. C’est un film adulte, qui enchantera les puristes de Tolkien, les afficionados de films d’aventure et les amateurs d’histoires sombres. Nous vivons de sombres heures par de noirs chemins, mais c’est uniquement pour notre plus grand plaisir.
Je ne me vois pas attribuer de moralité ou de mention tant ce film est équilibré, tant chaque équipe a su tirer la quintessence de son domaine de responsabilité, bien que j’ai un léger bémol sur la musique que je n’ai pas trouvé au niveau des quatre opus précédents. Les acteurs sont merveilleux, même les petits nouveaux de la série, l’histoire est parfaite, les digressions bien intégrées, la technique est géniale, les décors somptueux, la Désolation est un film à voir absolument une fois dans sa vie et une autre fois intégré dans la trilogie. Au-delà de l’histoire bien connue qui l’avantage forcément, tous les réalisateurs devraient s’inspirer quand on leur en donne les moyens.