Une lettre d'amour au genre médieval-fantastique

Bilbo le Hobbit poursuit donc son petit bonhomme de chemin. Toujours poursuivi par les orcs, désormais en possession d'un anneau magique qui rend invisible (et dont tout le monde ignore la véritable nature), notre héros et sa compagnie de nains progresse vers la montagne où dort Smaug, le dragon qui, autrefois, vola aux nains leur terre et leurs trésors.

L'histoire, bien plus rythmée que le premier volet, se suit sans temps morts sur 2h40. Le scénario avance, il se passe toujours quelques choses. L'action est, comme à l'accoutumée, très présente et très bien rendue. Mention spéciale aux chorégraphies de combat Elfiques, spécialement conçues pour faire dire "Waouh!" à chaque orc tué à l'écran. La galerie de "trognes" secondaire est toujours aussi savoureuse, entre les changeformes ursidés, les orcs effrayants, les magiciens si sages qu'ils en semblent fous, les humains couards ou valeureux, et ces nains que l'on regrette sincèrement de ne pas voir davantages creusés. Parvenus aux elfes, on reste en terrain connus: toujours aussi beaux, toujours aussi classes, toujours aussi talentueux, plus charismatiques et stylés que jamais. Et accessoirement, toujours aussi horripilants: condescendants, hautains, puants d'égo et transpirants le mépris par tous les pores de leur peau de pêche envers tout ce qui n'est pas Elfique pure race. Bref, on retrouve nos petits sans difficultés.

Bilbo se trouve aussi légèrement plus en retrait, voire quasiment absent pendant une certaine partie du film. Les héros sont véritablement les nains, Thorin, le chef de la troupe, Balin, le plus vieux (et le plus sage, de loin) et deux ou trois seconds couteaux qui émergent ça et là le temps d'une scène. Et vers le milieu du film, Killi, le plus jeune, qui tombera sous le charme (manifestement réciproque), d'une chasseresse Elfe du nom de Tauriel. En parlant des nains, on repproche beaucoup à ce film de ne pas approfondir leur caractère individuellement. On ne connait même pas leur nom à tous. En réalité, ce n'est pas tant un problème que cela. Cette troupe n'est pas une somme d'individualité, c'est une entité à elle seule. L'important, ce n'est pas chaque nain prit un part un : c'est le groupe de nain en lui-même qui constitue un personnage à part entière. Et en développant chaque individu à part, on pourrait risquer de perdre cette homogénéïté, pourtant si savoureuse.

Accessoirement, Jackson poursuit son oeuvre de lien/prequel à peine camouflé avec la trilogie du Seigneurs des Anneaux. Rapidement dans l'histoire, Gandalf quitte la compagnie pour mener sa propre enquête sur le fameux "nécromancien". S'en suivra une intrigue parallèle qui prépare véritablement le terrain à la guerre de l'anneau et sert, plus encore que dans le premier volet, de liant, achevant de faire des deux trilogies un tout cohérent.

La photo est toujours absolument superbe même si le côté "paysages naturels" à disparu. On sent que l'image est artificielle. Décors magnifiques, paysages grandioses, architectures fascinantes, tout y est! Mais le côté un peu "toc" des images de synthèses peut parfois un peu rebuter. Surtout compte tenu des décors du seigneur des anneaux, cent pour cent néo-zélandais, naturels et bien plus chaleureux. Mais on s'y fait. En revanche, il y a Smaug. Superbement réussi, effrayant, respirant la puissance. Bon, très bavard, mais la voix de Benedict Cumberbatch en ajoute encore au caractère impressionnant de la bête donc on lui pardonne. En tout cas, on comprend pourquoi cette créature effraie et fascine, c'est probablement l'une des plus belles réalisation du genre!

En aparté, une vive polémique a été lancée par les fans "puristes", ulcérés par la piètre qualité de cette adaptation du livre. Aussi, depuis une semaine, c'est à un véritable concert de pleureuses que se livre des hordes de Tolkienistes intégristes, vomissant leur haine de ce metteur en scène (et scénariste) qui a fait de leur sacro-saint bouquin un film hollywoodien, avec action, aventure et grand spectacle, options moments de bravoure et personnages épiques en sus. Il n'est pourtant pas bien difficile à comprendre que cette trilogie n'est PAS une adaptation du livre, mais qu'elle s'en inspire librement du synopsis, afin de proposer un prequel à la trilogie ciné du Seigneurs des Anneaux. Ce n'est pas le livre, et ne l'a jamais été. Donc le premier pas est de se débarrasser de cette idée saugrenue selon laquelle la décision de partir d'un livre de 90 pages pour sortir trois films de 2h40 a vocation à être une adaptation fidèle. Le second est de prendre du recul et de comprendre que la trilogie du Hobbit s'inscrit dans l'univers des FILMS du seigneurs des anneaux, et s'avère totalement découplée des livres.

Et une fois que l'on a admis, et accepté, ces deux faits évidents et essentiels, force est d'admettre que Peter Jackson a une fois de plus très bien fait son boulot. Le Hobbit 2 : la Désolation de Smaug, est un excellent film, une fresque épique, offrant au genre medieval-fantastique une superbe vitrine visuelle et narrative. Et on ressort invariablement avec la pêche, un sourire jusqu'aux oreilles et l'irrépressible envie de courir voir le troisième volet!
Kayn
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le 19 déc. 2013

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