La surprise s’en va, la magie reste.

S’engager dans une adaptation littéraire n’est jamais chose aisé, d’autant plus quand on touche à l’une des œuvres les plus appréciées au monde. Cela, Peter Jackson le sait pour avoir mis tout le monde d’accord ou presque avec son adaptation du Seigneur des Anneaux il y a près de 10 ans (à part quelques fans hardcores qui lui reprochent trop de libertés par rapport à l’œuvre).

Au départ, il y a Bilbo le Hobbit, un conte pour enfant de 400 pages. L’histoire d’un Hobbit embarqué malgré lui par des nains et un sorcier dans une chasse au trésor dont l’objectif est d’éliminer un dragon (je fais des raccourcis pour ne pas trop en dévoiler). Mais voilà, Jackson ne faisant jamais les choses comme les autres décide d’en faire une trilogie, chaque film ayant des chances de dépasser largement les 2h30. Et c’est là, pour moi, le gros point faible du film. En voulant en fait une saga du même acabit que le Seigneur des Anneaux, Jackson commet, selon moi sa plus grosse erreur, étant obligé d’aller piocher dans d’autres œuvres de Tolkien (le Seigneur des Anneaux, le Silmarillion, Contes et légendes inachevés, entre autres), ce qui a pour conséquence d’étirer inutilement le film. On pourra arguer que tout cela permet de faire le lien entre les 2 sagas (Seigneur des anneaux et Hobbit), mais je ne suis pas convaincu de son utilité. Résultat on a droit à quelques scènes, qui, bien que sympathiques et maîtrisées, plombent le récit (l’intro avec Frodo, la réunion de Fondcombe, etc.).

Autre point faible du film, les effets spéciaux. Si la plupart sont maîtrisés et magnifiques (Weta ne fait pas n’importe quoi et confirme là sa place de leader des effets numériques), certains semblent inachevés, pas vraiment crédibles, limite (c’est un comble) datés.
Mais ces 2 points négatifs ne m’ont pas empêché de rentrer dans le film et de me laisser transporter en Terre du Milieu avec le même plaisir qu’il y a quelques années lors de la première trilogie. Le casting est impressionnant. Non pas par les noms mais par la justesse des acteurs. Le choix de Martin Freeman en Bilbo et Richard Armitage en Thorin s’impose dès le début du film comme une évidence. Le reste du casting tient son rôle de très belle manière, ben qu’aucune prestation ne se démarque (si ce n’est celle de Freeman et Armitage).

La caméra se fait virevoltante à plusieurs occasions (notamment la très bonne course poursuite dans le royaume souterrain), mais sait aussi se faire calme et intimiste, à l’image de la rencontre Bilbo/Gollum. La musique de Howard Shore transporte toujours et se permet quelques clins d’œil (plus que facilement identifiable) à la précédente trilogie, mais l’effet de surprise n’est plus là malgré un indéniable souffle épique.

Au final, le film n’est pas le chef d’œuvre espéré mais se révèle un excellent film épique, bien au-dessus des productions actuelles et donne indéniablement envie de découvrir la suite.