Après une adaptation très réussi de Cyrano de Bergerac, Rappeneau s'attaque à un autre monument de la littérature française. Les aventures d'un autre Cyrano, plus beau gosse mais moins bon orateur, qui traverse le Provence chère à Giono, pendant la terrible épidémie de choléra de 1832.
C'est cette magnifique région sauvage en proie à la maladie, à l'exil, et aux soupçons qui apporte son intérêt principale à cette histoire. Les aventures du courageux Angelo et de la belle Pauline, au final on s'en fout. Voir des morts entassés par dizaines dans la précipitation, et la folle rage de survivre des miraculés, voila ce qui rend la film captivant. A l'image de cette scène grandiose dans laquelle un médecin (intérprété par François Cluzet) tente se sauver un malade pris d'horrible convulsion sur le bord d'un chemin. La caméra très éloigné de Rappeneau suggère qu'il faut mieux ne pas s'approcher au risque d'être nous aussi infecté.
Hélas ce n'est pas le propos principal que de traiter de cette question, et comme bien souvent des amourettes absurdes viennent tout gâcher. Ce n'est pas la faute de Rappeneau, j'en conviens, c'est juste l'histoire qui est somme toute assez banale malgré un cadre atypique, pour ne pas dire inédit.
Comme à son habitude Rappeneau réalise une adaptation très fidèle d'un classique de la littérature. Un film qui est lui aussi devenu un classique. Je ne dis pas que c'est mérité (ni immérité non plus), mais en tout cas ça reste la principale raison de découvrir ce film. A moins d'aimer voir des malades agonisant, mais là je crois que je suis le seul.