Remake d'une comédie italienne sortie en 2017, "Le Jeu" est la cinquième réalisation de Fred Cavayé qui a récemment signé la comédie "Radin!" avec Dany Boon. Huis clos aux allures théâtrales, cette grosse blague avec des bobos quadragénaires quitte bien vite la piste cocasse du vaudeville pour rejoindre le ton grinçant et féroce des mensonges et autres affaires de tromperies et de coucheries.
Une nuit d'éclipse lunaire, Marie et son mari invitent leurs amis de longue date pour le diner. Problèmes de couples et autres préoccupations sont mis de côté le temps d'une soirée jusqu'à ce qu'une idée de jeu pointe le bout de son nez ; les portables et toutes ses notifications deviennent public le temps du repas. Pour le meilleur et surtout pour le pire !
A l'instar de "Le prénom" ou de "Carnage", le décor unique de "Le Jeu" est un huis clos dans un appartement parisien, empêchant ainsi chaque personnage de fuir la situation présente. Ce qui s'annonce comme étant une bonne soirée entre amis tourne rapidement au cauchemar lorsque l'hôte propose de rendre public toutes les notifications reçues sur le portable de chacun. Telle une roulette russe infernale, les messages revêtent la forme de missiles qui vont venir imploser lors de ce diner bobo parisien. Au départ sympathique et n'allant pas au-delà des simples potins, le jeu se corse au fil de la soirée où quiproquos, coucheries et tromperies font l'objet de révélations inattendues.
Bien que le ton soit avant tout comique, "Le jeu" tourne vite au vinaigre et ,via les mensonges, les confrontations et les disputes, adopte une certaine gravité de façon assez surprenante. En effet, le huis clos permet d'observer à la loupe les différentes réactions des sept personnages qui sont un à un mis à nu. Aucunes échappatoires possibles sans enfoncer le couteau dans la plaie, ce diner de fin de semaine se métamorphose en plaidoirie où fautif et victime s'affrontent face à leurs amis démunis. De façon subtile et assez intelligente, et ce, même si c'est parfois très prévisible, "Le jeu" aborde les thèmes du couple, de l'amitié, de la parentalité et du sexe sans jamais s'éterniser. Chaque acteur a d'ailleurs son moment à lui, faisant monter le calvaire jusqu'à un point de non-retour. Suzanne Clément en épouse désabusée et aigrie, Bérénice Bejo en mère incomprise et Grégory Gadebois en copain mis à l'écart restent les plus marquants et touchants de cette joute verbale.
"Le jeu" aurait surement perdu en efficacité sans cette fin originale qui confère au film un message, voire une morale qui laisse entendre que toute vérité n'est pas bonne à entendre. Constat plutôt désespérant de notre capacité à mentir, "Le jeu" s'avère juste avant d'être drôle. Mais, au grand plaisir de feu Aristote, la catharsis fonctionne ici à merveille et c'est assez jouissif de voir la tournure sérieuse que prend l'histoire...

alsacienparisien
7

Créée

le 22 oct. 2018

Critique lue 285 fois

1 j'aime

Critique lue 285 fois

1

D'autres avis sur Le Jeu

Le Jeu
Val_Cancun
5

De parfaits inconnus

Comme je le craignais, malgré le casting de qualité et l'interprétation convaincante, malgré la bonne tenue des dialogues et l'absence de faute de goût majeure (déjà une sacrée gageure lorsqu'on...

le 10 déc. 2018

32 j'aime

Le Jeu
gusjavel
4

La montagne a accouché d une souris

Un casting prometteur (Stéphane de Groodt, Bérenice Béjo, Grégory Gadebois, Roschdy Zem...) et une idée de scénario basique mais efficace aurait pu donner une bonne comédie française comme on peut...

le 22 oct. 2018

25 j'aime

4

Le Jeu
EricDebarnot
6

Phone Game

Il y a deux manières de regarder un film comme "le Jeu" : on peut d'abord pester contre un cinéma français "populaire" qui, à l'image d'ailleurs de son grand frère américain, se nourrit de...

le 25 déc. 2019

13 j'aime

4

Du même critique

Un amour impossible
alsacienparisien
8

Récit romanesque d'une densité rare

Adaptation du roman phare de Christine Angot, "Un amour impossible" est un film fleuve qui retrace l'ensemble d'une vie. C'est étonnamment dense, percutant et fort. Les thématiques centrales vont au...

le 11 nov. 2018

19 j'aime

1

Épouse-moi mon pote
alsacienparisien
2

De la maladresse du propos nait un profond malaise...

Epouse-moi mon pote suscite de vives réactions sur son histoire centré sur le thème de l'homosexualité. Je n'ai pas personnellement trouvé le propos insultant mais je l'ai trouvé maladroit et...

le 7 nov. 2017

18 j'aime