Si vous pensez que le titre fait référence à l’article naguère célèbre de Louis Althusser «Sur le jeune Marx » paru en 1961 dans la revue « La pensée » et qui avançait l’hypothèse d’une « rupture épistémologique » dans l’œuvre de Karl, vous allez être déçu. Pardon de spoiler. Non, cet honnête biopic conte avec une certaine recherche de réalisme la vie quotidienne du penseur durant les années qui précèdent 1848, donc ses trente ans. Tout cela est plus apte à porter le spectateur à s’assoupir qu’à enclencher un élan révolutionnaire. Il convient de reconnaître qu’au delà de la banalité revendiquée de nombreuses scènes (Marx fait l’amour avec sa femme, se soule avec Engels, a des problèmes avec ses créanciers, etc.) , le film se donne la peine de présenter de nombreux partenaires et/ou contradicteurs de Marx : Engels évidemment, mais aussi Bakounine, Proudhon et une brochette de noms moins connus qui posent son marxologue. Cette érudition serait appréciable si le réalisateur était parvenu à camper de manière lisible les diverses orientations et les enjeux du mouvement ouvrier naissant. Malheureusement, c’était difficile. Il n’y est pas parvenu et, dans la confusion, on distingue mal l’originalité des positions de Marx, un type un peu suffisant, au demeurant assez débonnaire avec ceux qui ne sont pas à son niveau. La petite fresque se termine en queue de poisson sur la publication du « manifeste communiste » alors que le texte devrait être le prétexte à une scène forte, un frémissement, sinon à un hymne à la révolution. Non, c’est fini et, avant d’enchaîner sur le générique, sont passées des photos de grands révolutionnaires comme le Che, Mandela et quelques autres sur fond sonore de « Like a rolling stone » de Bob Dylan. L’ensemble de ce projet, qui est loin d’être inintéressant, a néanmoins de quoi rendre perplexe.