Pour quelqu'un qui souhaite s'initier au cinéma coréen, "Le jour d'après" est probablement un très mauvais choix.


Le scénario aurait pu être intéressant, même s'il s'agit au fond d'une simple histoire de patron qui trompe sa femme. Mais à chaque niveau ou presque, le film rate le coche. En premier lieu : le rythme est effroyablement lent. Les personnages laissent planer des silences entre chaque réplique, la conversation est poussive. Pas le temps de développer une histoire très réfléchie, dans ces conditions. Conséquence du rythme lent, les personnages sont assez peu intéressants et peu vivants. Et puis, qui a envie de s'identifier à un gars aussi lâche et indécis ? A part de la pitié, on ne ressent pas grand-chose pour lui. Les dialogues sont oubliables, ne font preuve que de peu d'esprit (ironie quand on sait que le patron fait partie des quatre meilleurs critiques nationaux et qu'il gagne des prix...). Pire, les discussions traînent en longueur : on ne compte plus le nombre de fois où les protagonistes répètent simplement les mots de leur interlocuteur, comme s'ils avaient besoin d'une confirmation qu'ils avaient bien entendu. Côté profondeur, on a une évocation de la religiosité, et ça s'arrête là. Pas de grande dissertation philosophique donc.


Rien ne rattrape ce défaut majeur : l'esthétique en noir et blanc ne suffit pas à rendre le film beau. Tout au plus le distingue-t-elle de la plupart des productions actuelles. La composition des plans est basique, n'utilisant que peu de décors et réutilisant les mêmes dispositions d'acteurs. La bande-son se passe de commentaire puisqu'on n'entend en guise de transition entre scènes qu'une mélodie étrangement calibrée au niveau du son. Tout cela ne pouvait que s'achever mollement avec une chute qui renvoie de manière alambiquée à un passage précédent. Heureusement, un livreur de restaurant chinois arrive et clôt le film.


Un film de peu d'intérêt donc,qui a échoué à capter mon attention. Quelques points positifs tout de même ? On pourrait accorder deux ou trois situations vaguement comiques ou le caractère reposant de la lenteur délibérée. Et encore, moi qui suis bon public, j'ai l'impression d'être indulgent.


PS. Anecdote amusante : l'utilisation des zooms avant/arrière, peu commune habituellement, rappelle un peu les tokusatsu, les séries de super-héros à la Power Rangers.

ChevalierPetaud
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vingt contraintes filmiques (2017)

Créée

le 25 juin 2017

Critique lue 287 fois

3 j'aime

Critique lue 287 fois

3

D'autres avis sur Le Jour d'après

Le Jour d'après
Moizi
8

Salvateur

Je crois vraiment que Hong Sang-Soo, réalisateur que j'ai longtemps boudé est en train de devenir l'un de mes réalisateurs préférés. En fait son film Grass m'a donné les clés pour bien comprendre son...

le 26 févr. 2020

13 j'aime

2

Le Jour d'après
ClémentRL
8

Critique de Le Jour d'après par Clément en Marinière

Le sillon creusé par l'inlassable Hong Sang-soo peine à dévier de sa trajectoire : le metteur en scène ultra-prolifique recycle et ressasse ses motifs jusqu'à l'ivresse, addiction partagée par ses...

le 12 juin 2017

10 j'aime

Le Jour d'après
Ellossan
5

Le Mea Culpa d'Hong Sangsoo

Il faut se tenir au courant des potins entre les stars coréennes pour comprendre la finalité du dernier film de Hong Sangsoo. L'affaire a fait du bruit en Corée, l'actrice Kim Minhee (vu récemment en...

le 10 juin 2017

7 j'aime

Du même critique

T'as vu
ChevalierPetaud
7

pk tan de n

Je comprends que Fatal Bazooka n'ait pas une image très positive : matraquage à la radio, (trop grand) succès auprès des jeunes (prenant généralement le sens des paroles au pied de la lettre),...

le 24 juin 2014

12 j'aime

4

Breaking Bad
ChevalierPetaud
8

CaSSe VILaIN

AVERTISSEMENT : Pour ceux qui n'ont pas compris, ce n'est pas mon clavier qui a un problème, c'est juste que j'ai écrit cette critique avec seulement les intitulés des éléments dans le tableau...

le 9 mars 2016

10 j'aime

3