Le jour où la guerre nucléaire éclatera, il n'y aura pas de héros. Il n'y aura que ceux qui meurent, et ceux qui mourront.

C'est avec ça en tête qu'on ressort de ce film. Un film très sobre, qui nous présente longuement ses personnages, banals. Réellement banals... non pas comme ces introductions de films catastrophe auxquels on est habitué, avec des gugusses aux traits forcés, dont on flaire déjà l'héroïsme ou les compétences qui permettront de survivre. On en est heureusement très loin. Ils sont simplement très occupés à vivre leurs vies très quotidiennes sans pourtant que l'on ne s'ennuie une minute. On apprend à vivre avec eux, on apprend par la télé et la radio la fulgurante montée de la tension autour du blocus de Berlin par les Soviétiques.

Mais ça, c'est en toile de fond. Ils sont comme nous, ils sont tellement infimes face à cette menace apocalyptique, qu'ils ne peuvent rien imaginer d'autre que de continuer le quotidien, comme s'il pouvait protéger de la catastrophe dont on imagine qu'elle ne peut pas arriver, que personne n'est assez fou pour ça. Ce n'est que la radio et la télé, c'est un bruit de fond. Ça n'arrive pas, faisons le lit, parlons du menu de demain (un peu sur le même mode que le très bon bouquin "En un monde parfait" de Laura Kasischke).

Mais le quotidien, même compulsif, ne protège pas de la réalité.

La séquence du lancement des missiles est incroyable, les spectateurs sont hébétés devant ce spectacle impossible, traité sans le moindre lyrisme. Même à ce moment précis, il reste dur d'y croire.

La tonalité du film, sans le moindre effet superflu, nous annonce ce qu'on sait pourtant déjà: ça va être horrible. Littéralement horrible. La plupart des films récents construits autour d'une catastrophe naturelle ou anthropique nous la survendent, et on est impatient qu'elle arrive, parce que c'est le point central du film, parfois, il n'y a même que ça. Et puis, on pourra voir cette débauche d'effets spéciaux renversants.

Dans "Le jour d'après", rien de tout ça. En tant que spectateur, je n'avais pas envie. Je n'ai pas envie de voir les silos envoyer leurs munitions, je n'ai pas envie. Je n'ai pas envie de voir un champignon atomique à l'horizon, parce que c'est affreux, que c'est un cauchemar. Parce que c'est vrai, et c'est possible.

Après les échanges de tirs entre les deux blocs, on suit peu à peu les survivants. La encore, aucun héroïsme, aucune "quête", simplement une survie misérable et douloureuse dans un monde ravagé, ruiné, peuplé de cadavres d'hommes et de bêtes, presque sans pathos, un constat objectif absolument désespéré: "quand on parle d'armes nucléaire, c'est précisément de ÇA qu'on parle. D'une survie qui de jours en jours est compromise par les retombées, qui transforment rapidement ceux qui ont été exposés, et ils sont légions, en pauvres hères se dégradant, monstrueux, couverts de plaies, de brûlures, vomissant, un peu plus chaque jour et mourant sans tarder.

Voilà dans quoi on s'embarque avec ce film: l'apocalypse nucléaire ne laisse aucun espoir. Point barre.

Et mange-toi ça dans la gueule.
dadujones

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