Partant d’un fait divers criminel assez sordide, dont il a respecté la trame générale, en l’assaisonnant de vérités historiques a sa façon, très gauche radicale telle qu’elle se concevait dans ces années 70 militantes, (Robespierre ressort ainsi dans son propos comme une sorte de héros positif de la révolution), Tavernier a réussi la prouesse – un peu comme Fritz Lang ou Joseph Losey dans leurs versions respectives de M le maudit- de brosser le tableau exact d’une époque.A travers les rapports ambigus, de classe et de comportement, qui se nouent entre un trimardeur émule de Ravachol et un magistrat puritain, se dessinent les contours d’une société étriquée, réactionnaire sans doute, complice de toutes les répressions passées et à venir (de la Commune à l’ affaire Dreyfus), mais surtout très pauvre et profondément inégalitaire, qui dévore tel Saturne ses propres enfants.Le propos peut parfois prêter à sourire, encalminé qu’il est de toute part une rhétorique simpliste de lutte des classes dont l’histoire a aujourd’hui fait un sort mérité. Galabru, dans l’unique rôle dramatique de sa carrière, s’égale aux grand « excentriques » de l’avant-guerre : Jules Berry, Rober le Vigan, Saturnin Fabre.Une œuvre tonique, où se glisse en filigrane une idéologie frondeuse axé sur un gauchisme de bon aloi qui n'altère finalement à peine notre plaisir.