Difficile de critiquer un Chaplin, surtout le Kid. Car malgré une durée plutôt courte (seulement 50 minutes en compagnie de Charlot !), il y a beaucoup à dire d'un film humain et touchant.

L'histoire se résume assez vite : Charlot est un vagabond qui survit grâce aux petites combines et qui par la force des choses se voit contraint d'adopter un bébé. Après cinq années d'éducation, le petit aide Charlot dans son « travail » et ils vivent heureux de ce qu'ils ont jusqu'au jour où les services sociaux s'en mêlent.

Tout est là, tout ce qui a fait la gloire du muet et de Charles Chaplin, l'humour, un récit et une mise en scène simples pour une critique acerbe d'une société en proie à des abus. En en rajoutant toujours plus pour faire rire, on pourrait craindre cependant que la satire soit peut-être trop soulignée. C'est sans compter sur le talent intemporel et tous les traits de caractère du personnage de Charlot qui arrive à faire passer des horreurs pour ce qu'elles sont en en riant. Car que serait la vie si l'espoir et les sourires disparaissaient ? D'ailleurs pour une fois, le personnage principal se fait voler la vedette par le gosse qui est capable d'amuser les foules comme il peut donner une dimension tragique au récit ; son jeu épate, séduit, est mis en lumière grâce au talent de metteur en scène du roi du rire.

Il n'y a pas à dire, toujours profonds, les films du maître de l'humour intelligent font mouche, encore aujourd'hui, traversent les époques, les façons de penser pour donner une leçon de vie à chaque spectateur. En plein dans la tragicomédie, on n'atteint tout de même pas le niveau d'intensité du Dictateur et de son discours final mais la séparation et le combat contre celle-ci sont poignants, alliant ridicules des comportements à l'horreur de la situation : l'enfant ne veut pas quitter son foyer, on sépare un père de son fils.

La poésie est omniprésente et lorsque les rêves de Charlot se révèlent, on découvre un véritable paradis de simplicité, où les bonnes choses appartiennent au quotidien, aux pancakes préparés par un petit gars, où tout le monde est libre d'avoir des ailes. Seulement, il suffit d'un grain de poussière pour tout chambouler, une séparation, la tristesse, tout se noircit d'un coup. C'est ça la force du film, passer du rire aux larmes sans transition, sans temps mort, sans qu'on puisse trouver de faille.

D'ailleurs on est presque triste que ça se termine, qu'on dise adieu à ce couple comique, c'est la véritable séparation du film. Jusqu'au prochain visionnage, tant l'histoire contée emporte et finalement, on ne rêve pas de mieux que ce que ces deux charlots ont. Un happy-ending attendu intervient pour rompre tout désespoir car on est tout de même dans une comédie, il ne faut pas l'oublier.
Carlit0
9
Écrit par

Créée

le 12 mars 2012

Critique lue 485 fois

7 j'aime

Carlit0

Écrit par

Critique lue 485 fois

7

D'autres avis sur Le Kid

Le Kid
Grard-Rocher
8

Critique de Le Kid par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Une jeune mère désemparée par la naissance de son enfant décide de l'abandonner. Elle profite d'une voiture cossue en stationnement pour poser le bébé sur la banquette arrière du véhicule avec une...

68 j'aime

28

Le Kid
GagReathle
6

De l'arrivée du pathos au cinéma

J'ai énormément de respect pour l'oeuvre de Charlie Chaplin. Cet homme était assurément un maître dans son domaine, un visionnaire, avec une maîtrise parfaite de son cadre, de sa mise en scène et de...

le 25 avr. 2014

45 j'aime

32

Le Kid
Thomas_Dekker
9

The Kid and the Genius

Le nom même de Charlie Chaplin avait été rayé de ma mémoire tant tous ses films m’avaient dégoûtés pendant mon enfance. Je refusais le film muet comme une véritable géhenne ; the Artist (certains...

le 23 nov. 2012

38 j'aime

1

Du même critique

Holy Motors
Carlit0
2

Monsieur Merde

Depuis Cannes, à peu près toutes les critiques vantent les mérites d'un réalisateur de retour après onze années d'absence des plateaux de tournage : Leos Carax. Scandale totale dans la presse,...

le 13 juil. 2012

27 j'aime

24

Jules et Jim
Carlit0
3

Jeanne Moreau, ses plans culs, son égoïsme et le reste du monde

Je ne connais que très peu l'œuvre de François Truffaut et si les 400 coups m'a véritablement emballé, l'homme qui aimait les femmes a été un grande déception. Et quand tout le monde m'a parlé de...

le 11 janv. 2012

26 j'aime

Les Anges déchus
Carlit0
9

Les amours impossibles

Se plonger dans le cinéma asiatique, c’est a priori, devoir découvrir plus en profondeur l’œuvre de l’un de ses maîtres : Wong Kar Wai. Car si In the Mood for Love est magistral, emplie d’une beauté...

le 4 févr. 2013

20 j'aime

8