Le Labyrinthe de Pan est un film de Guillermo Del Toro sorti en 2006 avec Ivana Baquero, Doug Jones et Sergi Lopez dans les rôles principaux.
Le film se déroule en 1944, 5 ans après la guerre d'Espagne qui est maintenant sous la coupe de Franco, alors que la guérilla anti-franquiste continue de se battre pour se défaire du nationaliste.
Nous suivrons dans cet environnement tumultueux, la jeune Ofelia qui déménage avec sa mère, enceinte, vers la demeure du nouveau mari de sa mère, le capitaine Vidal, chef des troupes franquistes de la région, réputé pour sa tyrannie.
Ofelia est une fille particulièrement rêveuse qui tombera par hasard sur une pierre qui se révélera faire partie d'une statue qui libérera un insecte qu'Ofelia confondra avec une des fées de ses contes favoris, mais peut-être que quelque chose se cache derrière tout cela ?
Le Labyrinthe de Pan est un film qui use du schéma du voyage du héros, qui est un concept établi par Joseph Campbell dans son livre Le Héros aux mille et un visages et que l'on peut retrouver dans de très nombreuses œuvres plus ou moins récentes comme : Star Wars, Harry Potter, Matrix, etc.
Del Toro se sert donc de ce schéma de base en le fusionnant avec des contes de fées comme dans l'Echine du Diable, se passant d'ailleurs lors de la même époque parlant de sujets similaires comme la critique du Franquisme, le fait de grandir, l'enfance et le début de l'adolescence avec le fait de perdre ses illusions.
On reprend ces thèmes en les exploitant davantage par le monde fantastique et l'ambiguité par rapport à son existence ou non, avec en plus le conflit entre Ofelia et Vidal, deux opposés ayant un point commun, la recherche d'un père !
On trouve également le thème du sacrifice et de la noblesse avec notamment le capitaine Vidal qui malgré tous les actes répréhensibles qu'il a commis (et qui sont impardonnables), ne faisait que son boulot et a tout fait en sorte pour que son fils sache son histoire et son héritage !
Del Toro cite souvent cette citation de Kierkegaard pour expliquer ce thème : " Le tyran meurt et son règne est terminé, le martyr meurt et son règne commence. "
Le film décide donc de présenter la plupart de ses personnages de manière manichéenne pour ensuite y apporter de la complexité via des éléments amorcés avec la présentation du personnage qui lors de la dernière demi-heure de film s'assemble pour se rendre compte de la qualité du script de Del Toro !
Le meilleur exemple de cela est le capitaine Vidal commençant comme un homme froid, carré, n'ayant pas peur de se salir les mains, tyrannique.
Commence au fur et à mesure à montrer énormément de complexité par son rapport avec son père, le fait de lui-même devenir père, un certain fétichisme pour une mort héroique afin de dépasser celle de son père tout en n'arrivant jamais vraiment à arriver à faire mieux faisant en sorte de se détester jusqu'à la tout fin du métrage où après avoir perdu sa femme, il montre beaucoup d'affection envers son fils, regrette la mort de ses hommes, etc.
Le Labyrinthe de Pan se place d'ailleurs au sein d'une trilogie avec deux films de deux autres réalisateurs mexicains, qui avec Del Toro se font chaleureusement appeler : " Les 3 Amigos " : Les Fils de l'Homme d'Alfonso Cuaron, qui symbolise la sagesse chrétienne et Babel de Alejandro González Iñárritu, qui représente la sagesse perse, là où Le Labyrinthe de Pan symbolise la sagesse antique.
Guillermo Del Toro et son chef opérateur ont fait un boulot impressionnant, la maîtrise de l'esthétique Gothique procure une ambiance singulière au métrage allant parfois même dans le clair-obscur, tout cela grâce aux réflexions portées aux cadres et à la lumière qui sert un découpage qui opère des transitions dynamiques vers le bas lors des passages vers le monde fantastique donnant certaines séquences à couper le souffle, sinon le reste du découpage est maitrisé.
D'ailleurs grâce à cette esthétique gothique qui est présente aussi bien dans la " réalité " que dans le monde fantastique, la transition entre les deux mondes se fait naturellement, pas comme dans Narnia par exemple pour citer un exemple, où au début tout est filmé de manière fade, pour ensuite montrer à quel point le monde fantastique est merveilleux rendant la transition assez improbable, du coup Del Toro fait un excellent choix en gardant son esthétique tout du long !
De tous les acteurs qui sont excellents dans ce film, je dois avouer que les prestations qui m'ont le plus marqué sont celles de :
Sergi Lopez : la plus grosse claque au niveau de l'interprétation, incroyablement imposant à l'écran et retranscrivant à la perfection la folie destructrice du personnage aussi arrogant que critique envers lui-même, tout en étant conscient de ses failles ...
Ivana Baquero : Evidemment, à seulement 11 ans au moment du tournage du film, elle montre déjà un jeu particulièrement juste tout du long et arrivant à nous prendre naturellement de sympathie et d'envie de la suivre (d'autant plus qu'il y a quelques scènes où elle doit jouer seule face à des CGI et elle arrive à bien s'en sortir du coup, chapeau !).
Et Doug Jones : Aussi bien avec le costume de faune que celui de l'homme pâle, Doug Jones capture des personnages sortis tout droit de peintures de Goya à la perfection en allant jusqu'à apprendre l'espagnol pour le rôle !
La B.O est composée par Javier Navarrete qui offre des compositions gothiques dans la continuité de ce que l'on pourrait trouver dans les musiques de la série Castlevania.
Pour conclure, Le Labyrinthe de Pan est très certainement le meilleur film de Del Toro, ou du moins le porte-étendard de son style !
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le 24 janv. 2020
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