Modern fairy tale
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« Le Labyrinthe de Pan » est un long-métrage fantastique hispano-mexicain de 2006 réalisé par Guillermo del Toro. Le film met en vedette les acteurs Ivana Baquero, Doug Jones et Sergi López.
Alors que la guerre d'Espagne est achevée depuis 5 ans, l'armée franquiste traque sans relâche les maquisards cachés dans les montagnes. Ofelia (Ivana Baquero), quant à elle, est une petite fille ayant perdu son père. Elle suit sa mère, qui vient de se remarier avec un officier tyrannique, le capitaine Vidal (Sergi López), dans une maison de campagne au cœur de la forêt. C'est dans sa nouvelle propriété qu'elle découvre un mystérieux labyrinthe habité par un faune (Doug Jones). Ce dernier soumettra à Ofelia une série d’épreuves …
Les rêves. Voilà ce à quoi nous aspirons souvent. Pouvoir s'évader dans un autre monde. Un monde qui n'a de limites que notre manque d'imagination. C'est ce qu’a voulu aborder ici le metteur en scène à travers un film parabolique mettant au centre de son récit des thèmes comme le choix et la désobéissance. Un récit qui s’avère malicieux au fur et à mesure que l’on avance. En effet, là où l’œuvre est intéressante c’est dans sa lecture à double niveau : Ofelia rêve-t-elle simplement comme les enfants de son âge ? Ou bien le faune existe-t-il réellement ?
Quoiqu’il en soit, « Le Labyrinthe de Pan » est construit comme un conte de fées, ce qui se ressent à travers l’écriture brillante du personnage d’Ofelia. Se dégage de cette dernière une insouciance bienveillante. Parallèlement, le film a un côté tragique très développé, ce à quoi on ne s’attend par forcément. Cela crée un effet de surprise. En effet, en abordant l’après guerre d’Espagne, « Le Labyrinthe de Pan » prend une tournure très adulte. Ce côté dramatique se ressent dans le personnage de Vidal, homme cruel, sans pour autant tomber dans la caricature.
« Le Labyrinthe de Pan » c’est aussi un très beau visuel. Un visuel réalisé avec très peu d’effets spéciaux … l’ensemble repose sur l’utilisation du maquillage et sur des robots animés recouverts de latex (pour les créatures). Le travail fait sur ce film est à saluer ! Saluons aussi la photographie de Guillermo Navarro et ses tons très variés : c’est tantôt très brumeux lorsque l’on se situe dans le réel alors que pour les scènes fantastiques, le directeur photo a utilisé des tons plus chauds. Cela donne au film un aspect parfois inquiétant, parfois enchanteur et cela contribue à marquer la différence entre la réalité glaçante d'un monde en décomposition par rapport à un monde où il est de bon droit de rêver. Well done !
Par ailleurs, la bande originale de Javier Navarrete est de toute beauté : c’est sans conteste l’un des points forts du film car elle contribue à renforcer l’aspect conte de fées, tout en n’hésitant pas à aller vers des tons tragiques. Beaucoup d’émotions en ressortent ! Enfin, je dois avouer avoir bien aimé le jeu des acteurs, pour la plupart peu connus du grand public. Guillermo del Toro est un fin directeur d’acteurs. C’est appréciable.
En conclusion, « Le Labyrinthe de Pan » est une œuvre singulière qui nous fait nous évader dans un monde fantastique sans jamais nous déconnecter du réel !
Je note 8,5/10.
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Créée
le 19 juin 2017
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