Ca fait bien longtemps que je ne l'ai pas vu. Mais son souvenir reste douloureux dans mon esprit.
Cette fin... bon sang cette fin... La dernière minute dans le bus avec cette musique... Mais qui peut croire qu'il s'agit d'une fin heureuse. Leurs regards, l'absence de regard l'un envers l'autre, ce silence. Pourquoi est-il venu l'enlever en fait? Pourquoi s'enfuit-elle avec lui? Il n'est pas amoureux d'elle, ni de Mrs Robinson, cette dernière n'aime personne et sa fille est tellement insipide qu'elle pourrait aimer n'importe qui. L'ennui entraîne l'orgueil qui entraîne l'acharnement. L'hystérie de la jeunesse. On veut tout, tout de suite: le beurre, l'argent du beurre, le cul de la crémière et celui de sa fille. Surtout ne pas se projeter, rester dans l'instantanéité, ne pas avancer, se raccrocher sans cesse à la première personne venue, ne pas penser au futur, vivre le plus de choses possibles pour combler ce vide, cette peur de l'avenir, cette peur de se retrouver figer dans un rôle et un statut. Pour au final se rendre compte à l'arrière d'un bus que c'est déjà chose faite et que ce que l'on désirait n'était rien d'autre qu'un mirage de plus, et en rien une solution à cette question lancinante et brûlante: "qu'est-ce que je vais devenir?".
Et il ne reste plus que le son du silence.