L'angoisse du futur prédéterminé semble trouver dans Le Lauréat un équivalant dans l'angoisse de voir sa jeunesse être définitivement derrière soi. Dans tous les cas, difficile pour les personnages d'échapper à cette angoisse existentielle, et chacun trouvera son moyen de tricher pour trouver un peu de réconfort.
Pour Mme Robinson, on se trouve une seconde jeunesse en la séduisant, tandis que pour Benjamin, libérer ses pulsions oedipiennes semble être une alternative tout à fait acceptable à la vie bien rangée qu'on lui prédisait.
Mais ces satanés sentiments font apparemment partie du package lorsqu'il s'agit de vivre ce que la vie a de mieux à offrir. On se rabattra alors sur la fille, plus jeune et plus en phase avec ses envies. Et pour régler le problème de son âge bien trop faible pour nous rappeler notre mère et satisfaire nos besoins les plus primaires, il suffira de la marier. Lui courir après pour faire d'elle une nouvelle Mrs Robinson, avec cette mélodie qui résonne sans cesse pour crier son nom. Après ça, tout sera parfait.
Le visage extatique, elle marche vers son sauveur pour s'extirper d'une existence morne et trop bien rangée. Pour enfin décupler le potentiel infini de l'existence.
On en oublierait presque, dans notre bus nous amenant vers notre avenir, que la vie oscille comme un pendule de la souffrance à l'ennui. Presque.