Ce film vaut surtout le coup pour ses deux têtes d'affiche, Denzel Washington en figure christique et Gary Oldman qui incarne les méchants toujours avec maestria. On peut aussi s'étonner du paradoxe inhabituel entre l'action post-apocalyptique de bon aloi et la solennité qui habite toute l'intrigue.
Car même si Le livre d'Elie (en français ça prend un "e") n'est pas ouvertement militant dans son fond (Elie n'est pas un missionnaire, il n'a pour but que d'apporter une des dernières bibles dans une bibliothèque...), il est empreint dans sa forme d'une austérité qui reflète un certain protestantisme à l'américaine. Ce n'est ma foi pas désagréable si l'on accepte cette prémisse sans réaction allergique, surtout que le film évite l'éxagèration dans le sentencieux. Elie n'est pas non plus présenté comme le sauveur de la veuve et de l'orphelin, observant au début un viol en refusant de s'interposer. Mais il finit évidemment par assumer ce rôle quand Silara (Mila Kunis, vue dans Black Swan ou Bienvenue à zombieland) décide de le suivre contre sa volonté.
La quête d'Elie n'est pas non plus exempt de contradiction : pourquoi vouloir sauvegarder le livre saint quand, du dire de certains, c'est précisément cet ouvrage qui a provoqué la guerre nucléaire passée? D'ailleurs si Carnegie (Oldman) désire à tout prix s'en emparer, c'est pour accroitre son pouvoir et manipuler le peuple. Finalement, le message principal du film tient peut-être à ceci : soustraire la lecture de la bible aux âmes peu éduquées et averties?
Ce film ne se cache pas de son thème religieux, mais c'est là sa force. Tant d'autres films américains communique d'une façon plus ou moins cryptique des messages autrement plus intégriste que ne le fait celui-ci.