Aborder la folie n'est pas simple. Car pour cela il faut partir de conflits externes qui finissent par devenir internes au héros. Et si la tension externe s'apaise c'est risquer de ne plus avoir de véritable conflit du fait que le spectateur s'y identifie plus facilement.


Ici, malgré de très nombreuses qualités dramaturgiques, que ce soit au niveau du symbolique, de la réplique ou de la situation, on peut déceler quelques moments de lassitudes sur la fin. Paradoxe puisqu'il s'agit du climax où le basculement est total. Le problème est qu'il n'y a pas vraiment d'objectif principal, on finit donc par se lasser de cette lente évolution dont on devine aisément les aboutissements. Si la scène de fin est sans doute la plus 'choc', elle est également la moins intéressante, car il est toujours plus intriguant de voir le devenir plutôt que l'être.


Formellement, j'ai toujours apprécié le travail de Polanski. Capable d'épure, sa caméra se trimballe pertinemment dans cet appartement et parvient avec peu de moyen à produire beaucoup d'effets. L'on pourra tiquer sur certains aspects cheap tel que le climax final qui n'est pas sans rappeler "Freaks", mais ce serait oublier l'humour absurde si cher à l'auteur. De même l'interprétation des acteurs est assez juste de manière générale. La VA (version anglaise) est plutôt bien fichue hormis quelques erreurs habituelles de lipping.


Bref, "The tenant" est un film sur l'être et la folie ; rétrospectivement on se rend compte aujourd'hui que Polanski parle toujours de la même chose, "Carnage" n'est pas très loin derrière les films qui ont fait connaître l'auteur ; ça n'en reste pas moins un sujet intéressant. "The tenant" est à mon goût meilleur que "Rosemary's Baby" parce que le retournement de situation n'est pas aussi important ici ; il est un rien moins bon que "Répulsion" car il est moins brut, plus (trop?) réfléchi.

Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 10 oct. 2013

Critique lue 797 fois

7 j'aime

2 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 797 fois

7
2

D'autres avis sur Le Locataire

Le Locataire
Ze_Big_Nowhere
9

Boîte crânienne à louer

Trelkovsky humble employé de bureau Parisien se met à la recherche d'un appartement dans un immeuble tranquille où il pourrait profiter de sa toute nouvelle naturalisation. Trelkovsky est un être...

le 12 mai 2015

86 j'aime

7

Le Locataire
Ligeia
10

Louer l'âme à en perdre la raison

Dans la veine de Répulsion et de Rosemary's baby parce que le rapport maladif à l'Autre épouse les traits du délire paranoïaque et paranoïde.Mais attention j'ai toujours refusé d'imputer tous les...

le 16 août 2011

43 j'aime

4

Le Locataire
Rakanishu
9

Critique de Le Locataire par Rakanishu

Le frêle Trelkovsky recherche un appartement et n'est pas très difficile : son choix va se porter sur un appartement assez laid, démuni de toilettes (plus loin dans le couloir, étudiant-style) et...

le 24 juil. 2010

32 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

101 j'aime

55