Ce portrait du sulfureux courtier en bourse Jordan Belfort (qui existe réellement) est sans aucun doute le film de tous les excès pour Martin Scorsese. Mais Marty n'est pas le genre de réalisateur à avoir froid aux yeux, il suffit de se rappeler quelques fulgurantes scènes de violence dans Les Affranchis ou Casino pour s'en convaincre ; seulement avec ce Loup de Wall Street, il pousse le bouchon très très loin. Certes le sujet s'y prête, le personnage de Belfort a non seulement passé 22 mois en taule pour fraude et blanchiment d'argent, mais surtout il a défrayé la chronique pour son train de vie somptuaire, sa consommation sans retenue de drogues et sa débauche sexuelle notoire. Ce qui frappe donc dans ce film, c'est l'incroyable liberté de ton qu' a insufflée Scorsese avec notamment de nombreuses scènes orgiaques et de nu, et aussi la description crue des effets de la cocaïne et d'autres drogues. Scorsese a pour cela essuyé les feux de la critique et failli recevoir les foudres de la censure ; une liberté de ton qu'il n'aurait pas pu donner si le film avait été financé par un grand studio, Paramount se contentant seulement de le distribuer.
Marquant la 5ème collaboration entre Leonardo Di Caprio avec le réalisateur, le film offre aussi à son acteur fétiche un rôle époustouflant, Leo se lâche autant que Marty en façonnant habilement son personnage vers sa décadence, c'est un "rise and fall" parfait, marqué par la démesure et la folie, et c'est très certainement pour ce rôle qu'il aurait mérité l'Oscar plus que pour The Revenant. Malgré ces critiques et d'autres qui l'accusaient de glorifier un personnage totalement immoral, le film a récolté un beau succès, Leo a quand même été obligé de se justifier en répondant que Jordan Belfort n'était pas quelqu'un de recommandable. Bref tout ceci est bien joli, mais lorsque j'ai vu le film, je n'ai certes pas été choqué, il m'en faut bien plus pour ça, mais plutôt surpris ! Surpris par cette peinture sulfureuse et ces excès un peu trop redondants par endroits, surtout que le film accuse 3h, je trouvais le temps un peu long au bout d'un moment : 1 ou 2 scènes de cul et du délire éthylico-cocaïonomane, ça va bien un moment, mais parfois c'est un peu trop excessif, d'où ma note plus nuancée. Sans parler du fait que ce genre de sujet et de personnage ne sont pas ceux qui me font vraiment vibrer. Mais ce que j'admire et apprécie, c'est qu'à Hollywood de nos jours, un type comme Marty ait eu les burnes de faire un film comme celui-ci en traitant d'un tel sujet aussi dérangeant, avec une véritable dose de folie.

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le 27 août 2016

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Ugly

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