Bon, globalement, c'est vrai que c'est très plaisant, bien joué, bien filmé, mais, d'une part, il n'y a de critique que des gros sacs à merde que l'on voit prendre le système boursier et jouer avec au mépris d'autrui, et plutôt beaucoup de complaisance à l'égard du système boursier (ça, c'est le côté profondément catho de Scorsese, on n'y peut rien, la notion de pêché le fascine), et d'autre part, les gens qui s'extasient sur "enfin un vrai scénario, c'est pas tous les jours qu'on voit ça au ciné ces temps-ci" n'ont clairement pas été au cinéma depuis très, très longtemps. L'ensemble est bien ficelé et engageant, et les dialogues (à ne pas confondre avec le scénario) sont certes excellents, mais le tout est méchamment linéaire et téléphoné de bout en bout, et le propos est répétitif et monolithique.
Citizen Kane, et même 99F ou The Social Network, pour aller chercher dans des registres voisins, avaient l'audace narrative de leur côté pour enrichir leur histoire et la faire vivre, nous étourdir, nous faire aimer et détester ces protagonistes-antagonistes charismatiques et destructeurs. La linéarité du Loup de Wall Street nous laisse assis dans notre siège, à apprécier les scènes à mesure qu'elles défilent, mais, justement, nous laisse trop dans notre zone de confort, narrativement, espérant que l'abattement interminable de scènes de débauche des plus sulfureuses (dont ne manque pourtant pas non plus 99F) suffise à impressionner. Hélas, ça n'a fait que me divertir.