Quatrième visionnage et impression persistante, désagréable : film raté, largement surcoté.


L'ambiance du début est certes prenante --- lande sinistre et désolée du Yorkshire anglais --- mais dès l’arrivée au pub The Slaughtered Lamb, John Landis commence à tergiverser et s'avérera incapable de se débarrasser de ces atermoiements, nous faisant attendre pendant une heure que son personnage se transforme en loup-garou et que l'histoire prenne enfin corps.



Et si...



… ce moment (la transformation) étant le clou du film --- qui a été vendu à l’époque comme constituant un jalon dans le film d'épouvante et des effets spéciaux ---, Landis avait sciemment fait poireauter le client ?!


Tant mieux pour les personnes capables d'oublier la pauvreté de ce qui précède cette désormais fameuse poussée de cris, de poils et de crocs, mais pour le spectateur un tantinet exigeant --- celui qui aime Billy Wilder, pas Tarantino ---, soixante minutes de discussions oiseuses et de moments onirico-érotico-gore putassiers sont difficilement acceptables.


D'autant que le visage de notre hurlant héros (David Naughton) hésite affreusement entre ceux de Pacino et de Stallone, quand la séduisante infirmière (Jenny Agutter), elle, cherche du côté de Berenson et de Kidman. J'attendais donc d'autre transformations : Al, Sylvester, Marisa, Nicooooooooooooooooooooooooole !!!!!!!!!!



Une fois notre Américain enfin loup-garouïsé, que se passe-t-il ?



Rien.


Ses assauts sont dépourvus de toute tension (balade à poil dans un zoo, notamment) à l'exception de celle sur le type du métro, mais... même là, ce n'est qu'à moitié réussi. L'ondoyante caméra, qui aurait pu nous régaler, est d'une navrante paresse.


Paresse et superficialité, constantes, qui s'affichent d'ailleurs lamentablement dans ces mêmes couloirs du Tube : vides... à la station Tottenham Court Road... à 13h01 (heure indiquée par une horloge) !!!


Flemmardise qui explose même dans la belle séquence finale à Picadilly Circus (chaos, effets spéciaux, chouia d'émotion) : Landis nous ressert du carambolage à la sauce Blues Brothers, sorti une année plus tôt.


Nonchalance encore --- même si elle se planque derrière le clin d’œil --- avec cette bande-son composée de chansons qui font référence à la lune : Blue Moon (Bobby Viton), Blue Moon (Sam Cooke), Moondance (Van Morrison), Bad Moon Rising (CCR), Blue Moon (The Marcels).
Et pourquoi pas Au clair de la lune tant qu'on y est ?!



« Too funny to be scary or too scary to be funny » ?



La question de savoir si Le Loup-garou de Londres est trop axé comédie ou trop axé horreur n'a pas lieu d’être... puisque le film n'est ni l'un ni l'autre (mais en infiniment moins pathétique que Werewolves Within) : c'est juste un burger tiède servi par un frimeur qui aspirait à marquer l'histoire du cinéma --- puis du clip, avec Thriller ! --- et avait compris comment berner le monde.


Voyez-le, Landis/20, sur un des bonus du DVD, dans le froid anglais, un large bandana bleu ceignant son front puissant, une sucette dans sa grande gueule … N'est-il pas cool le réalisateur du film-qui-révolutionne-les-effets-speciaux ?


Et puis son talentueux créateur-maquilleur Rick Backer --- l'homme du film, en réalité ---, de nos jours, avec catogan, anneau à l'oreille gauche, t-shirt noir à tête de mort tirant la langue...
Qui pourrait douter de sa coolitude, de son évidente sympathie, du mérite qu'il faut lui reconnaître, du culte que l'on doit à « son » film ?


Le réalisateur officiel, John Landis, lui, du haut de sa grandeur, ne doute évidemment de rien. Il déclare à propos de la mort de Jack dans la lande, de ses cris de douleur et de panique : « What is saying is very realistic. He's... you know... He... he reallys is screaming in pain and fear. »


Mais mon pauvre John-Le-Melon, Steven nous avait offert six ans avant toi l'attaque d'un gros poisson en ouverture de Jaws ! … Elle gueulait savamment Chrissie, la pauvre biscotte entre les mâchoires du squale ! Si bien que même en VF... elle braille en anglais « God ! Help Me ! » etc.


Il faut décidément être très jeune, très inculte --- ou donc très John Landis --- pour oublier Les Dents de la mer, Spielberg et l'agonie de Denise Cheshire près d'une balise à clochette.


À moins que... A Werewolf in London : Universal... Jaws : Universal encore... juste de vieilles recettes ?!


Seul intérêt réel de ce quatrième visionnage (hormis le charme de Jenny Agutter ; et malgré son nez en trompette) : avoir repéré l'acteur Alan Ford (l'inquiétant « Tête de Brique » dans Snatch, dix-neuf ans plus tard) en chauffeur de taxi annonçant à ses deux passagers le nombre de victimes de la nuit...


Bon, c'est la pleine lune : je vais revoir Hurlements (Joe Dante, 1981), tellement moins prétentieux et tellement mieux réussi... .... puis j'irai bouffer pour-de-vrai du cuistre, du snob et du crétin.


les 3 suintant souvent la coolitude et hoquetant de plaisir devant Buffet froid et The Big Lebowski

Arnaud-Fioutieur
5

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le 16 sept. 2021

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