Véritable pilier du domaine lycanthrope, Le loup garou de Londres est passé à la postérité, revisitant d’une sympathique façon le mythe du loup garou tout en misant sur des effets spéciaux plutôt ambitieux à l’époque (il n’ont pas vieilli depuis, alors que ceux de Hurlements apparaissent un peu datés). Donnant à la fois dans l’horreur et la comédie, le film se focalise ainsi sur un aspect « malédiction » sur le ton de la légèreté, laissant de côté la psychologie pour taper dans un humour plus grand public.


Le loup garou de Londres vieillit plutôt bien, c’est un constat qui s’impose de lui-même. Si les voitures et les vêtements des personnages s'inscrivent dans leur époque, les lieux et les caractères restent tout à fait cohérents. Nos personnages ne sentent pas trop le cliché, ce qui augure du meilleur pour la suite. Le film développe également une mythologie du loup garou plutôt rafraichissante. En effet, en plus d’être sensible aux balles normales, le loup garou voit les âmes de ceux qu’il a tué venir le hanter. Elles restent prisonnières sur terre jusqu’à la mort de leur assassin. Ainsi, entre chaque transformation, notre jeune américain fraîchement contaminé voit ses victimes venir le harceler pour qu’il se suicide. Un dilemme moral plutôt bien rafraîchi par la mise en scène, qui profite de la situation à la fois pour se livrer à un exercice de maquillages gores plutôt amusant (les âmes qui vieillissent se décomposent) et à un humour absurde de décalage (le type parle avec des morts et passe pour un fou auprès de ses semblables, ce qui allège le côté horreur plombant que John Landis ne veut jamais vraiment créer). En termes d’horreur, le Loup garou de Londres n’est pas un film d'horreur, l’ambiance y est hétérogène (angoissante quand la bête est aux abois, plutôt détendue quand nous sommes entre humains, l’humour noir vient toujours atténuer le drame (le choix est délibéré, il aurait été facile de faire peur avec des maquillages pareils)). Un seul moment du film vient rompre avec cette organisation : la scène d’attaque du foyer du héros. Sans prévenir, cette scène fait office d’un véritable coup dans l'estomac, de la même trempe que le massacre de la famille dans Martyrs. Un véritable traumatisme, qui m’a pour ainsi dire plus marqué que le loup garou en lui-même. Certes, la séquence de transformation entièrement filmée avec des maquillages est l’une des meilleures jamais faites (pour les maquillages en latex, bien sûr que le numérique est plus propre aujourd'hui quand on y met les moyens). Mais une fois la bête transformée, elle disparaît pratiquement de l’écran. Certes on imagine que les problèmes techniques étaient légion pour donner vie à une telle créature, mais elle se trouve alors repoussée dans l’ombre, et quand elle apparaît, c’est au mieux à l’arrière plan lointain, ou partiellement (la tête, une patte…). On ne l’apercevra à l’œuvre que l’espace d’un plan, et encore, dans la pénombre d’une salle de cinéma. Toutefois, le sérieux de l’œuvre et son envie de côtoyer un fantastique sérieux (le dénouement, qui aurait pu virer sur le romantisme, se contente d’être aussi brutal que logique. Le sentiment de sobriété qui domine dans l’œuvre (pas vraiment d’intrigue secondaire (une enquête vite avortée)) ainsi qu’une certaine générosité des maquillages (pour compenser l’invisibilité de la bête, jamais ridicule) permettent au Loup Garou de Londres de figurer toujours en bonne place dans les films de lycanthropes appréciés du public. Un classique du film fantastique assez bien géré par John Landis, sans toutefois s'inscrire vraiment dans la lignée de ses ancêtres.

Voracinéphile
7

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le 15 déc. 2015

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