Un des grands chef d'oeuvres de Griffith qui me manquaient, quatorze ans que je l'attendais celui-là, la faute à Kurosawa dont c'est un des films fétiches, et finalement, une petite déception tout de même...

Le film raconte comment un chinois utopique venu pour évangéliser les barbares occidentaux se retrouve dans une épicerie miteuse de Londres, entre la misère et les pipes d'opium... Il rencontre alors sa petite voisine, jeune fille de quatorze ans qui sert de punching-ball à son père, boxeur brutal, dans la plus grande tradition du mélo dix-neuvième...

A ce propos, c'est amusant de voir que le mélodrame hollywoodien et la littérature érotique ont connu, pour des résultats exactement opposés une mode très ponctuelle concernant la fessée en général et le fouet en particulier. Les habitués des enfers des bibliothèques connaissent bien ce phénomène littéraire qui envahit pendant la belle époque le milieu de l'édition avec, dans la lignée d'un Sacher-Masoch qui eut la postérité que l'on sait, des milliers de livres reposant essentiellement sur cette joyeuse pratique...
Beaucoup moins joyeusement, la flagellation semble avoir un peu débordé à l'époque du muet et pris pour cible les jolies fesses de Janet Gaynor ou encore les merveilleuses épaules de Lilian Gish...

Lilian Gish à propos est ici parfaitement divine et compose tableaux après tableaux un de ses rôles les plus poignants. C'est un bonheur de la voir traîner son âme en peine dans un Londres fantomatique et intriguant. La scène du cagibi, magnifiquement mise en scène est d'ailleurs une des meilleures que j'ai pu voir avec elle sous la coupe de son mentor.

A ses côtés, Donald crisp, que vous connaissez sûrement plus vieux, est impressionnant de présence physique et animale, autant d'arguments pour foncer voir un film que seule une trop grande attente a pu placer aussi bas dans ma collection...

Notons aussi que le second pire ditributeur de DVD du marché, vous savez, celui qui reprend le nom du plus grand compositeur du monde, a cru bon de refaire les intertitres en 2006. Le résultat, abominable, nous fait nous demander tout naturellement pourquoi le choix du traducteur s'est porté sur ce qu'on imagine être le fruit dégénéré d'un batard illettré et d'une otarie analphabète... Pour une fois qu'ils avaient réussi à ne pas trop saloper les cadrages, ces babares...

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le 1 avr. 2012

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Torpenn

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