Dessin animé pour adulte à destination des enfants

C'est assez marrant, à force de voir de l'animation pour adulte, j'en oublie qu'on peut aussi faire des films léger sur des thèmes noirs. Néanmoins, on ne va pas se le cacher, derrière la couche de vernis satyrique et noire (une famille fait bizness dans l'article d'objets pour se suicider) on trouve quand même une grosse inspiration qui oriente bien plus le film vers une loufoquerie à la Famille Addams que vers un film grinçant comme Mary et Max.


On est dans un univers décalé où des personnages parlent de la mort comme s'il s'agissait d'une chose usuelle. La plupart des gags mettant en scène le père ou la mère Tuvache conseillant des articles à leurs clients sont vraiment assez fun. D'ailleurs, mis à part la mère, leur famille ressemble à une version parallèle de la famille Addams où les attributs physiques de Pugsley (blond et enveloppé) auraient été inversé avec ceux de Mercredi (fine et brune.)


Déjà, première chose qui m'a étonné : c'est adapté d'un roman de Jean Teulé. Et j'aime pas Jean Teulé. Pour moi, c'est typiquement le genre d'auteur qui se fait passer pour un auteur historique, afin de vendre des romans sensationnalistes basées sur le gore et le voyeurisme. ("Mangez-le si vous voulez" est une honte et son livre sur la folie dansante serait du même tonneau.) Mais pour le coup, faire quelque chose de volontairement noir qui affiche directement la couleur, et bien ça marche.


Deuxième chose étonnante : Patrice Leconte se démerde très bien dans le film d'animation. On sait à quel point le travail de réalisateur de films live et de films en animation est complètement différent et c'est assez niquel. On voit que le gars a été autrefois auteur de bd. En plus, il y a des petits clins d'oeils à ses autres films (dont une référence aux crêpes qui est sans doute tiré des Bronzés 2) assez amusant.


Le graphisme est plutôt bon, l'animation est vraiment assez réussi avec un parti pris de réalisation intéressant où les personnages se détachent vraiment du décors et donne un côté "2D sur 3D" pas dégueulasse du tout.


La grosse faiblesse du film, c'est d'avoir voulu prendre le parti pris de la comédie musicale : alors que le premier morceau (qui montre le magasin et ses vendeurs) est chouette, tout le reste tombe dans le moyen. La faute à des chanteurs qui n'ont pas une voix mémorable et des compositions qui ne sont pas ouf non plus. Après tout, on aurait pu s'en passer.


Autre bémol : la fin est assez vite expédié.


La famille accepte du jour au lendemain de faire des crêpes, Marilyn trouve l'homme de sa vie en 5 minutes et tout le monde est content.


C'est marrant pour un film qui se cherche un côté adulte, à quel point ils ont du mal à s'extraire du carcan de Disney : comédie musicale, amour au premier regard, enfants positifs.


Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Depuis le mois de décembre, on s'est demandé avec ma copine si on montrerais tel ou tel film à nos futurs enfin : pour certains, c'était oui, pour d'autres non, et pour d'autres c'était débattable. Or pour ce film, qu'on m'avait présenté comme un film pour adulte... plus je le regardait, plus je me disait que oui, je pourrais le montrer à un enfant.


Alors, certes pas à un tout petit, mais un enfant d'une dizaine d'année, capable de regarder la Famille Addams, je ne vois pas en quoi il en sortirait choquer : certes, ça parle de mort par suicide, mais on est plus dans l'humour noir comique, dans la dérision. Et c'est une chose que les gosses arrivent facilement à comprendre. De plus, l'intrigue n'est pas super compliquée, le protagoniste principal est un gamin et ça fini par un happy end.


Possibilité de remake : Franchement, je serais pas contre un autre film fait avec la même équipe.


Le détail qui m'agace : Pas qui m'agace mais qui me fait faire "squick" : la scène où Alan emmene ses camarades de classes mater sa soeur en train de danser nue. C'est malaisant en plus d'avoir un petit côté "matage incestueux" qui m'a un peu dérangé. (Et surtout si c'était pour montrer qu'elle allait mieux et s'ouvrait à la sexualité, on aurait pu faire plus subtil.) L'intrigue de Mishima qui tente de faire fumer son fils ne va nulle part aussi (mais elle est un peu là pour le gag.)

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le 3 févr. 2019

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