Le confinement a au moins l'avantage de me mettre face à beaucoup de produits culturels afin de me tenir occupé. C'est dans ces conditions que j'ai vu "Le magasin des Suicides", film qui me faisait de l'oeil de par son pitch ultra alléchant et son style qui me parlait en plus de sortir de l'ordinaire.


Finalement j'ai plutot bien aimé le film, je ne suis pas aveugle à ses nombreux défaut et je ne le considère évidemment pas comme un chef d'oeuvre. Mais le plus intéressant avec ce film est qu'il illustre pour moi un concept très important et que je n'ai pas encore abordé. Celui du "Potentiel Latent", ou Potentiel tout court.


Chaque film à selon moi avant même d'exister dans son entierté, un potentiel latent qui s'exprime au travers de ses intentions, et de ses partis pris et qui prenne vie au travers d'éléments tout simple comme le pitch, le synopsis et certaines bonnes bandes annonces (qui sont de moins en moins courantes je trouve). Concrètement aux travers d'éléments forcément petit (un pitch une ou deux phrases, un synopsis un vague résumé, une bande annonce 1 min ect...) qui ont surtout pour but d'exprimer en peu de temps les intentions, les grandes lignes et l'ame du film afin de les vendres au public et avant ça, aux producteurs à l'aide du dossier de prod.


Et finalement je pense que ce qui fait que certaines personnes vont voir un film plutot qu'un autre, c'est ce fameux potentiel latent, qui est exprimé par tout ce que j'ai cité plus haut et qui permet au spectateur de se faire une idée. Non pas de ce que le film sera mais de ce qu'il pense qu'il sera.
En effet en fonction des individus qui ont tous leur critères et sensibilités personnels, chacun projetera sur ce potentiel latent, des attentes et des idées préconçus plus ou moins intensément en fonction de l'attente que le film exerce sur ledit individu.


C'est aussi pour cela selon moi que certains film parlent plus à certains public que d'autres, concrètement un film grand public avant sa sortie laisse souvent transparaitre un potentiel latent plus faible, tout ce qu'on te promet c'est de l'éclate et du divertissement, ce qui touche l'immense majorité des gens qui vont au cinéma, avant tout pour se divertir et explique donc selon moi les succès toujours plus grands des films du MCU et autre divertissement un peu concon ainsi que la (relative) bienveillance du public à leur égards. Alors qu'un film plus intellectualisé te proposera un potentiel latant plus grand, du fait qu'il explore des thématiques un peu plus intellectuel avec une approche différente, ce qui induit, certes que le potentiel du film est plus élevé de par le fait que son approche tranche avec les blockbusters et que donc l'attente que l'on peux y projeter est plus grandes, mais aussi que dans son potentiel latent même, le film laissera sur la touche, d'office une partie du public qui ne va pas au cinéma pour réfléchir.


Maintenant que j'ai défini le concept je vais pouvoir m'attaquer au film de cette critique, Le Magasin des Suicides, afin d'illustrer mes problèmes avec ce dernier, mais aussi d'expliquer en partie, je pense, les problèmes que beaucoup de gens semble avoir avec lui.


Comme je ne suis pas tout le monde et que je parle avant tout de mon expérience personnel avec le film je vais me prendre en exemple. De quel ordre était le Potentiel Latent du film selon moi? Tout d'abord je n'ai vu aucune bande annonce ni synopsis sur un site quelconque, je connaissais juste le Pitch que je pourrais grossièrement décrire comme suit: "Nous suivons, dans une ville ou le suicide est extrèmement élevé, l'histoire d'un magasin qui vend des moyens efficaces pour se suicider". De ce fait je me suis représenté avant de voir le film comme suit: Ce film aura pour thématique principal le suicide, mais aussi l'exploitation d'une situation donnée (ici le suicide de masse) afin d'en tirer profit (le fameux: "Le malheur des uns fait le bonheur des autres"). Si on rajoute à cela le style graphique très étrange et inquètant, presque Burtonien, je me le suis également représenté comme inquiètant, qui sort de l'ordinaire, créatif (aidé en cela par le pitch) et aussi très sérieux et potentiellement intéressant de par les thématiques qu'il traites (et qui me parle) peu abordées et réels. Autant vous dire que je partait d'avance avec l'idée d'un film qui avait un potentiel immense et toute les raisons du mondes pour être un excellent film car absolument tout me semblait engageant.


Et c'est la que je déchante. Globalement j'ai beaucoup aimé le début, bien aimé la première moitié, et pas aimé sa seconde et dernière moitié. Et finalement je me l'explique assez simplement, le début et plus globalement la première moitié du film c'est surtout de la mise en place et du build up, c'est la que le film tiens le plus ses promesses, on découvre la ville, on voit tout ces gens se suicider, l'ambiance est morne et terne, on découvre le magasin, la famille Tuvache, on voit un monsieur acheter un poison pour se tuer ect... C'est tout simplement une bonne mise en place, qui engage bien la suite et qui met en place absolument toute l'idée initial que je me faisait du film. Même si rapidement pointe des défauts qui m'empèche de dire que cette première moitié est excellente et qui sont en décalage avec l'idée que je me faisais du fim. (le fait que ce soit une comédie musicale, avec des chansons assez mal écrites ne marches pas selon moi et se justifient à peine dans le récit par exemple).


Ces petits défauts mises à part il manquait plus qu'un développement intéressant et bien amené de tout ce que le film a mis en place et c'est la principalement que tout part en vrille. Au dela du fait que l'intrigue deviens super molle et poussive, avec les principaux enjeux et affrontements qui n'arrivent réelement que 15 voir 10 minutes avant la fin, avec entre temps une trop grande répétition de scène ou on voit des membres de la famille vendre des moyens de se tuer à des clients divers et variés. C'est surtout le dévellopement de (presque) tout ce que le film a mis en place qui pèche.


Il exploite à peine ses thématiques, nous sors des dévellopements peu satisfaisants


(la soeur qui déprime plus parce qu'elle danse sur un CD que son frère lui a offert.... Sérieusement?)


nous propose finalement une morale convenu


("Mais c'est pas bien de déprimer C'EST MIEUX D'ETRE HEUREUX ET D'AVOIR LA JOIE DE VIIIIVRE :DDD!!!")


et utilise finalement des facilités bien grasses


(cette même soeur... Elle trouve l'amour en quelques minutes et le garçon aussi et veut direct se marier avec elle....??????)


(Le gamin qui convainct tout le monde d'être gentil en... Mettant des grosses basses dans une voiture avec la musique à fond...?Et ça détruit tout le magasin?)


Mis à part quelques dévellopements plutot intéressant mais mal exploités


(les parents qui eux même veulent mettre fin à leur jour parce qu'ils sont littérallement complices d'un nombre hallucinant de suicides.)


il y a finalement un gachis assez énorme. Le film avait toutes les cartes en mains pour traiter des sujets forts et être extrèmement intéressant, et on se retrouve finalement avec un film plutot convenu qui use de pas mal de raccourcis et qui utilises ses thématiques, plus comme des prétextes à créer des oppositions (entre le nouveau fils et le reste de sa famille) que comme des sujets autour duquel la philosophie du film se déploie.


Et c'est la je pense le soucis que beaucoup de gens ont eut avec le film, il y a un décalage net entre le potentiel latent du film et le résultat final. Parce que je pense vraiment que en sois ce n'est pas un mauvais film, comme je l'ai dit plus haut, je l'ai plutot bien apprécié malgrès ces défauts. Ce qui l'enterre vraiment je pense, c'est son potentiel latent, moi aussi j'en attendais plus, et force est de reconnaitre que je reste malgrés tout plutot déçu du résutat qui aurait pu être beaucoup mieux. (A noter que le film est l'adaptation du roman du même nom, mais je n'ai aucune idée de ce que contient ce dernier, donc je ne le prend pas en compte. Et même si le roman a les mêmes défauts que le film cela ne pardonne pas ce dernier pour autant. Une bonne adaptation ce n'est pas reprendre tout texto y compris les défauts originels, mais je m'égarre c'est un autre débat).


C'est donc cette question de potentiel latent qui a plombé le film, et cela pose d'ailleurs une question très intéressante. Jusqu'a quel point le potentiel latent d'une oeuvre joue sur nos attentes et jusqu'a quel point le potentiel latent de chaque oeuvre défini nos appréciations? Dis plus simplement, jugeons nous un film par rapport à ce qu'on en attendait? Ou pour ce qu'il est? Jugeons nous le film plus pour ce qu'il n'est pas?


Ce sont d'autres questions beaucoup plus complexes je pense, et je n'ai pas la réponse. En tout cas je n'essayerais pas d'y répondre ici. Je vous remercie de m'avoir lu, et je vous souhaite une bonne journée. Et surtout n'oubliez jamais que ma paroles n'est pas absolue et que mon avis vaut les votres.

Dark-KritiK
6
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le 6 avr. 2020

Critique lue 139 fois

Dark-KritiK

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