Lee Daniels est un réalisateur qui veut se placer lui aussi parmi les grands. Tel un Spike Lee, il veut dénoncer la haine raciale envers les Afro-Américains, montrer que la vie n'est pas rose quand on est noir. Ainsi après un Precious plus proche de la comédie que du drame profond et un Paperboy détesté de tous, le revoici aux commandes d'une œuvre plus ambitieuse : un biopic sur la vie d'Eugene Allen, rebaptisé ici Cecil Gaines, majordome au sein de la Maison Blanche qui servit pendant 34 longues années et a travaillé pour huit Présidents...


Malheureusement, si Daniels réussit à améliorer sa mise en scène pour servir quelque chose de plus classique et plus limpide, notamment au niveau des différentes époques que va traverser notre héros, il continue d'être maladroit quant à son message poussif et démesuré. Le film ne s'intéresse donc pas à l'univers atypique du métier de majordome de la Maison Blanche mais bel et bien à celui de majordome noir de la Maison Blanche. Encore une fois, Lee Daniels en fait des tonnes, écule des poncifs, nous balance des évènements dramatiques à la truelle sans se soucier de rester pragmatique.


Il y avait pourtant matière à faire un biopic bouleversant mais au lieu de ça, Le Majordome ne convainc pas totalement. Si Forest Whitaker est comme d'habitude épatant et que la palette d'acteurs incarnant les différents Présidents sont plutôt bien grimés derrière leur imposant maquillage (notamment Robin Williams en Dwight Eisenhower et Liev Schreiber en Lyndon B. Johnson), le scénario peine à se concentrer sur un fil conducteur, à nous raconter une histoire intéressante et jongle entre la vie privée de Cecil et ses soucis avec un fils extrémiste, et son statut de black au sein de Présidents de moins en moins racistes.


Ce détail, pourtant central et bien qu'il existe, n'est que vaguement montré. Dommage. Reste donc du Majordome un bon film, au sujet intéressant et à la qualité non négligeable mais qui aurait pu être bien moins démagogique ou du moins d'une manière moins poussive.

Créée

le 26 mai 2019

Critique lue 83 fois

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