Parmi les thématiques que l'on peut trouver fréquente dans le cinéma de John Huston, il y a forcément la guerre mais aussi le fanatisme religieux voire la folie et, à l'aube des années 1980, Le Malin lui permet d'aborder ces trois aspects-là.


Adaptant l'oeuvre de Flannery O'Connor, il évoque un jeune démobilisé retournant dans son village où il prendra l'initiative de fonder un nouveau culte. John Huston signe-là un film assez violent, que ce soit dans le fond ou la forme, mais aussi étrange et totalement nihiliste sur la nature humaine. Il fait défiler une galerie de personnages où l'on a l'impression d'assister à une parade de monstres, aucun n'est normal et la folie semble peu à peu s'emparer de chacun et notamment le protagoniste qui va subir une longue descente aux enfers.


Le metteur en scène du remarquable Reflets dans un œil d'or met en place une ambiance assez envoûtante, ambiguë et parfois même fascinante, où il sonde l'âme humaine, la médiocrité des personnages et dresse le portrait du sud des États-Unis. Surfant parfois sur un ton ironique, Huston démontre, à nouveau, tout son savoir-faire derrière la caméra, pour vraiment bien capter l'essence de son propos et des protagonistes, ainsi que pour mener à bien son récit jusqu'à une dernière partie remplie d'intensité.


Huston met surtout en scène une oeuvre d'angoisse sur les sectes américaines et la dangerosité des prédications ambulantes. Le film est dérangeant, parfois assez âpre mais tout le long prenant tandis que le cinéaste américain démontre une efficacité technique, ne commettant aucune faute et sachant bien amener les enjeux. Brad Dourif est tout simplement hallucinant en prêcheur marqué par la guerre, tandis que l'ensemble des comédiens démontre un véritable savoir-faire devant la caméra, à l'image d'un étrange Harry Dean Stanton.


John Huston propose avec Le Malin une oeuvre particulièrement angoissante et fascinante, où il évoque le fanatisme religieux et le danger des sectes, avec une certaine violence, une folie parcourant la pellicule, en étant bien aidé par de remarquables comédiens.

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le 19 mars 2018

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