Un hommage à une époque révolue

Merci James Mangold d'avoir fait ce film. La course des 24h du Mans est une légende depuis presque 100 ans, elle fait partie de l'ossature même de ce qu'est le sport automobile, elle représente le challenge ultime pour tout pilote professionnel et amateur, elle est le graal. J'ai retrouvé ce graal dans ce film.

Mais avant cette course, il y a une histoire, l'histoire d'une marque américaine d'abord, qui a elle aussi forgé le monde de l'automobile à sa manière, et celle d'une autre , italienne, dont seule l'évocation du nom suffit à faire briller les yeux de n'importe quel adorateur de la mécanique. C'est la confrontation de deux mondes bien distincts, le monstre Ford, avec sa hierarchie, son patron tyrannique ( au premier abord ) et sa bureaucratie aussi puissante qu'un pays, et l'esthète Ferrari, et ses oeuvres d'art fabriquées à la main au coeur de l'Italie. Le film explique très bien cet affrontement idéologique entre deux mondes, deux philosophies, qui seront amenées à se battre sur l'asphalte de la Sarthe à la fin.

Les personnages sont une réussite. Matt Damon incarne l'incroyable Carroll Shelby, monument vivant de l'histoire américaine, avec justesse et émotion. L'acteur est investi et rend hommage à cet homme qui a tant oeuvré pour l'automobile. Comme d'habitude, Christian Bale est parfait, et réussi à incarner le fantasque Ken Miles avec brio. Etant personnellement passionné de course automobile depuis mon plus jeune âge, je suis heureux de voir qu'un film met en lumière ce pilote, qui a véritablement marqué son temps. Tous les autres personnages m"ont convaincu. J'ai personnellement été très ému par Enzo Ferrari, ainsi que par un passage précis avec Henry Ford II. A l'heure où l'automobile est en train de doucement disparaitre pour être remplacée par des aspirateurs électriques sur roues, ce film montre ce que nous ne reverrons plus jamais.

Que dire maintenant du son, l'autre acteur principal du film. Dès la première mélodie de V8 entendue, c'est un enchantement. Un gros travail a été effectué sur le son, et pour les connaisseurs, chaque moteur est reconnaissable entre 1000, que cela soient les V8 américains ou les V12 italiens. Quelle douce mélodie en voie de disparition.
Les scènes de courses sont magistrales, et rendent selon moi un hommage appuyé à l'incroyable film Le Mans, sorti en 1971 avec Steve McQueen. On vit la course, on est à l'intérieur du véhicule. Le travail de reconstitution me parait tout à fait juste, et il s'en dégage un profond respect.

Je conçois que mon avis est biaisé par mes goûts personnels, mais ce film m'a touché et a rendu un superbe hommage à l'histoire de l'automobile. Bien entendu, tout cela est à la gloire de Ford, et c'est un film américain. Mais l'histoire est bien là, et comme il est précisé à la fin, la Ford GT40 est la seule voiture américaine à avoir gagné au Mans.

Merci James Mangold, et comme le ferait Enzo Ferrari, chapeau bas.