Beau duo d’acteurs pour une reconstitution à l’ancienne d’une illustre rivalité sportive un peu long

Après l’excellent “Rush” de Ron Howard avec Chris Hemsworth et Daniel Brühl qui narrait la rivalité entre les deux pilotes de Formule 1 James Hunt et Nikki Lauda, voici que le cinéma s’empare d’une autre histoire vraie ayant marqué le monde de la course automobile. Mais cette fois-ci ce sont le combat d’ego de deux écuries qui est mis en avant, en l’occurrence celui de Ford et Ferrari comme le dit clairement le titre original. Preuve que ce type de film a un potentiel cinématographique certain et fait oublier le bourbier de « Driven » de Renny Harlin qui semblait avoir enterré toute velléité pour ce type de films. « Le Mans 66 » ou « Ford VS Ferrari » bien plus approprié est une réussite dans les grandes largeurs même s’il n’est pas aussi bon et décoiffant que son prédécesseur « Rush ». La faute à un long-métrage un brin trop longuet qui aurait pu faire aisément vingt minutes de moins. Et, paradoxalement, c’est un peu long à l’allumage avec une présentation des personnages un peu brouillonne dans le premier quart d’heure.


Hormis cela, on passe un très bon moment à découvrir (en tout cas) pour les plus jeunes ce combat entre deux titans de l’industrie automobile à travers le prisme de deux hommes ayant concouru pour Ford. Le directeur d’écurie sélectionné par la marque et incarné par un Matt Damon à sa place d’un côté et le pilote difficilement gérable choisi par ce dernier et interprété par un Christian Bale une nouvelle fois bluffant de l’autre. Un acteur caméléon encore une fois vraiment incroyable à l’instar d’un Joaquin Phoenix ou d’un Matthew McConaughey. Un acteur qui s’approprie chaque rôle comme si c’était le dernier en devenant littéralement le personnage. Incroyable! A la barre, on retrouve la réalisation à l’ancienne, classique mais dans le bon sens du terme, du sous-estimé James Mangold. Elle est en totale adéquation avec le propos et nous réserve quelques plans magnifiques comme ce coucher de soleil sur un tarmac, lieu des entraînements de l’écurie, ou toutes les scènes de courses réalisées avec précision sans le recours à trop d’effets spéciaux. Avec le recul et dans quelques années, il y a fort à parier que ce cinéaste sachant aborder tous les genres avec brio verra l’appréciation de sa carrière tirée vers le haut. De « Logan » à « Une vie volée », de « 3h10 pour Yuma » à « Copland » ou encore de « Identity » à « Knight and Day », sa filmographie relève presque du sans-faute en touchant tous les genres tel un Spielberg ou un Nolan. Un auteur discret mais excellent faiseur, qui confirme à nouveau avec cette œuvre faisant honneur à son sujet sans vouloir à tout prix être à la mode.


On apprécie que l’humain ait une place centrale dans « Le Mans 66 » et la relation entre les deux personnages principaux est empreinte de complicité comme de rancœurs et c’est admirablement bien rendu à l’écran. Les seconds rôles ne sont pas en reste avec un personnage féminin unique mais assez loin des clichés habituels, surtout pour une œuvre située à cette époque, bien campé par Caitriona Balfe. Un Henry Ford colérique est quant à lui incarné par un Tracy Letts tout à fait à propos. C’est assurément un film plaisant, réalisé avec soin et qui rappelle les grandes heures du cinéma sportif d’antan. Tout est maîtrisé, rien ne dépasse (un peu trop lisse peut-être?) et on prend un plaisir certain à suivre cette histoire vraie quelque peu romancée jusqu’à l’excellente course finale qui ne déçoit pas. Cela nous change des aberrations improbables des « Fast and Furious » et consorts.


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 19 nov. 2019

Critique lue 185 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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