Merveilleuse tragédie grecque où la mise en abîme de la pureté du cinéma opposé au mercantilisme s'entrelace avec une histoire d'amour qui bascule dans Le Mépris sur un malentendu entre un homme et une femme. Certainement le plus grand film français de tous les temps si ce n'est le plus bel hommage au cinéma...Un long-métrage somme, parfait, divin, tout y est sublime, un diamant brut, de la musique déchirante de Delerue, où la mise en scène aventureuse tel un opéra funeste dans des décors somptueux baignés de lumière, nous laisse ébahi par tant de beautés...Une œuvre d'art impressionnante, une réflexion intelligente, passionnante et désespérée sur le cinéma (le cinéma de l'âge d'or qui meurt face à la puissance hollywoodienne, avec les décors désertés de Cinecitta, et les salles de cinéma qui accueillent des vedettes de la chanson à la place du 7eme art),et sur la désintégration de l'amour dans un couple, basculant en une fraction de seconde, un instant décisif que le réalisateur va décortiquer, et va symboliser les deux par la mythologie de L'Odyssée (Le couple Paul/Camille, éminemment moderne, constitue par exemple le pendant moderne du couple mythologique Ulysse/Pénélope) de l'odyssée Langienne (Fritz Lang fatigué, devenant symbole d'un cinéma disparu, un dieu agonisant qui a fait son temps, figure tutélaire d'Homère). J.L.Godard en état de grâce, nous livre un pur joyau de la Nouvelle Vague (générique en voix off, colorisation de l'image, désynchronisation..),dans un récit gigogne brillant, se retrouvant au sommet de son génie de mise en scène, plans-séquences sublimes, cadrages minutieux, esthétisme visuelle à couper le souffle, une mise en abîme dans un bleu azur, magnifiée par une photographie somptueuse, accompagnée par la déchirante partition de G.Delerue qui vous hantera longtemps. Un chef d'œuvre absolu irradié par la beauté ultime de B.Bardot, déesse vivante, filmée au côté de statues de l'An­tiquité,(nous offrant son rôle le plus envoûtant, le plus énigmatique) méprisant un Michel Piccoli, titubant, pathétique, à la composition remarquable...Un monument qui poétise, secoue le corps de sanglots longs, comme des violons de l'automne, qui débarquent dans notre cœur, chaviré sur la plage blanche, par ces vagues à l'âme qui se traduisent par des maux d'amour dont il ne restera plus rien...Le cinéma, lui, n'aura jamais été aussi vivant, magnifique, bouleversant et beau qu'en 1963...Rideau...Silenzio...

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le 22 sept. 2016

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