Le Mépris par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Camille est une très jolie femme mariée à Paul, éventuel scénariste d'un film adapté de "L'Odyssée" par Fritz Lang. C'est dans des studios de Rome que la rencontre doit avoir lieu avec les protagonistes de ce tournage qui doit se dérouler dans le décor idyllique d'une luxueuse villa baignée par la mer à Capri . Paul, obsédé par son envie de décrocher le contrat, se montre "froid" avec son épouse qu'il délaisse. Il semble même, peut-être par intérêt, la pousser dans les bras du producteur Jeremy Prokosch. L'homme est riche, séduisant et prétentieux à l'extrême. Camille tient pourtant à rester auprès de son époux mais celui-ci n'en a que cure. La jeune femme va se forcer à vivre, bien malgré elle, une "aventure" tragique avec Jeremy...


Dans les studio vieillots de Rome, la petite troupe est réunie afin de mettre au point cette "Odyssée" sous le regard de Fritz Lang, homme sage et mesuré, le contraire de son producteur Jeremy Prokosch. Paul, son chapeau vissé sur la tête se range par intérêt du côté de cet homme détestable. Camille se sent tout d'abord délaissée par son mari littéralement "agrippé" au producteur. Elle se doute que peu à peu Paul s'éloigne, la méprise et ne lui laisse qu'un choix: être la proie de ce producteur malsain afin d'attirer ses grâces pour le tournage. Camille et Paul règlent leurs comptes dans ce merveilleux cadre de Capri baigné par la Méditerranée. Entre silences, allusions et disputes, le couple se déchire peu à peu et "le mépris" s'installe véritablement lorsque Paul, se comportant comme un "toutou" vis à vis du producteur, "offre" insidieusement sa jeune épouse à celui-ci. L'intérêt professionnel domine l'amour du côté de Paul et l'ennui se mêle à la colère et au désespoir du côté de Camille. Pendant ce temps un film se réalise alors qu'un drame se profile.


"Le Mépris" réalisé en 1963 par Jean-Luc Godard, est adapté du livre d'Alberto Moravia. L'étude des comportements est fort bien restituée. Malheureusement, même si les images sont également très belles, on finit par s'ennuyer ferme et à regarder sa montre. Pourtant le réalisateur ne manque pas de qualités, loin s'en faut, "Pierrot le Fou" en est peut-être la plus belle preuve. Mais là, comme trop souvent, Jean-Luc Godard tente de nous faire ingurgiter un cinéma au style élitiste et vaguement expérimental. La lassitude gagne très vite et l'on a tendance à s'éloigner d'un sujet qui aurait pu être beaucoup plus poignant si la réalisation avait gagné en simplicité.
Pour corser le tout, Jean-Luc Godard a voulu s'entourer de très grandes vedettes de l'écran de cette époque à commencer par Brigitte Bardot dans le rôle très délicat de Camille. Le nom de l'actrice a beau apparaître en lettres géantes sur l'affiche, le résultat n'est pourtant pas bien convaincant. Il est vrai qu'à l'époque, notre Brigitte nationale faisait plus courir les foules pour son corps de rêve que pour son talent. Une fois encore, l'actrice règne par sa transparence. Son manque d'expression est flagrant, ce rôle n'était visiblement pas fait pour elle. J'en viens à me demander si, grâce à cette actrice mythique, le réalisateur n'avait pas en tête un succès commercial garanti, ce qui fut le cas. Michel Piccoli se montre sobre face à ce "monument en vogue" sans pour autant être inoubliable dans le rôle de ce Paul que l'on finit par détester au même titre que le producteur tyrannique Jeremy Prokosch interprété par Jack Palance converti en dragueur invétéré. Quant à la musique de Georges Delerue, celle-ci, malgré sa beauté, se montre envahissante jusqu'à en devenir malheureusement lassante. Le seul petit bonheur nous vient des apparitions d'un Fritz Lang en personne très philosophe.


Je sais que beaucoup de critiques sont "flamboyantes" à propos de ce film. Il est vrai que le nom de Jean-Luc Godard a souvent contribué à exciter le petit monde intellectuel du cinéma, par snobisme ou non. Ce point conjugué avec le mythe de Brigitte Bardot et ses avantages corporels ont fait de ce film un "classique du cinéma". Personnellement, je suis passé au travers du propos et je n'en garde pas un souvenir impérissable, loin s'en faut.

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le 2 févr. 2017

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