Quelques temps après la catastrophe de son parc d'attractions sur l'île d'Isla Nublar,qui avait vu les animaux préhistoriques échapper à tout contrôle et se livrer à un massacre,le milliardaire John Hammond a dû céder les rênes de ses entreprises à son neveu Peter Ludlow.Cependant il ne désarme pas et organise une mission d'étude sur une autre île au large du Costa Rica,Isla Sorna,où à l'insu de tous,il avait créé une sorte de pouponnière à dinos.Maintenant plein d'espèces de bestioles antédiluviennes se baladent librement sur ce territoire et Hammond veut que ça se sache afin de se réhabiliter et de prouver que son projet n'était pas une fumisterie.Il convoque le professeur Ian Malcolm,un des rares survivants de "Jurassic Park",afin qu'il participe à l'expédition.Le scientifique refuse catégoriquement,puis accepte lorsqu'il apprend que sa bonne amie Sarah Harding,une zoologiste excitée,est déjà à pied d'oeuvre.Son but consiste uniquement à la ramener aux States mais naturellement tout va très mal tourner.Quatre ans après le carton de "Jurassic Park",Steven Spielberg remet le couvert en tant que réalisateur et producteur,sa firme Amblin Entertainment coproduisant avec Universal Pictures.Le premier film était écrit par Michael Crichton et David Koepp,d'après un roman de Crichton,mais cette fois seul Koepp est au scénario,adaptant un autre bouquin de Crichton paru entre les deux films.Cette écriture dans l'urgence se sent car c'est beaucoup moins cadré que le film initial et d'un intérêt bien moindre.Spielberg a sans doute rempilé pour remplir les caisses entre deux projets plus passionnants car on le sent moins motivé.Certes le boulot est fait,les décors,très ressemblants à ceux du premier épisode,sont à la fois beaux et inquiétants,Steven délivre une mise en scène fluide,ample et maîtrisée,relançant l'action à chaque séquence,et évidemment les effets spéciaux impressionnent avec ces énormes bestioles terrifiantes plus vraies que nature.Mais le coeur n'y est plus vraiment,c'est à peu près la même chose mais tout est moins bien,on ne ressent pas la tension de "JP",c'est souvent prévisible,la fin de film en mode "King Kong" est mal gérée,la musique de John Williams est nettement moins martiale que dans l'opus précédent,il y a des redites façon copier-coller comme la scène du véhicule basculant dans le précipice ou celui qu'on retient en enroulant les câbles autour d'un arbre,il y a beaucoup moins d'espèces préhistoriques représentées et beaucoup plus de personnages,ce qui nuit grandement à l'aspect spectaculaire comme à l'empathie qu'on peut éprouver pour des protagonistes forcément moins fouillés psychologiquement.C'est même assez désastreux sur ce plan car on a droit à un défilé de caractères manichéens et à un grave déficit d'intelligence.Grosso modo on a une armée de mercenaires anonymes plantés là pour servir de chair à T-Rex ou à raptors,pendant que s'opposent Ludlow et son équipe de capitalistes avides d'argent,les méchants, et Malcolm avec sa bande d'écolos,les gentils.Les deux camps vont devoir faire cause commune sous la pression des évènements mais les personnages,que ce soit les uns ou les autres, se livrent à un consternant concours de connerie.On croyait qu'Hammond était un dingo avec son idée débile de parc sur Isla Nublar,mais il apparait que son neveu est plus cinglé encore car lui veut amener les animaux en Californie et installer son attraction à San Diego.Les mecs n'arrivaient déjà pas à contrôler la situation sur une petite île et là on décide de monter l'opération sur le continent américain.Les opposants,ce n'est pas mieux.Il s'agit de branquignols hystériques dont le but est de sauver toutes les bébêtes car ce sont des amis des zanimos.Malcolm est plutôt raisonnable mais lui aussi l'a mise en veilleuse depuis "JP" et on ne retrouve guère le dandy cynique qui assénait des vérités tranchantes.Là,coincé entre sa connasse de gamine qui envoie bouler un raptor d'un coup de pied après avoir tourné sur une barre fixe,grand moment WTF,et Sarah qui est une pouffiasse décervelée obsédée par la préservation de la Nature,quoi qu'il en coûte,plus un photographe fouteur de merde ancien de Greenpeace,il ne parvient pas à se faire entendre.Ces écolo-warriors sont tellement abrutis qu'ils finissent par être plus dangereux que les tueurs de Ludlow.Ils s'ingénient à protéger les si mignonnes bestioles qui les poursuivent et leur but,atteint d'ailleurs,est visiblement de faire massacrer un maximum d'humains,même s'ils doivent eux-mêmes y passer.On pourrait penser que les auteurs se moquent d'eux mais même pas,ce sont les bons de l'histoire et ils seront à peu près les seuls à survivre.Leur combat n'a pourtant rien à voir avec l'écologie,ils s'amusent à sauver des bêtes sauvages ultra dangereuses qui avaient naturellement disparu et qu'on a recréé de manière totalement artificielle.Mais peut-être le film milite-t-il pour la néo-génétique qui progresse tant ces temps-ci.Hitler l'a raté,les progressistes le font!Quoi qu'il en soit Spielberg est ici dans sa mauvaise veine gnangnan à la "E.T." ou "Rencontres du troisième type",ce qui est une trahison absolue du matériau d'origine car "JP" était plutôt dans la lignée violente,cynique et hardcore d'oeuvres comme "Les dents de la mer".La violence n'est pas absente ici mais elle est tellement ciblée et entrelardée de moraline qu'elle passe au second plan.Quatre comédiens sont rescapés du premier tour mais Richard Attenborough,Ariana Richards et Joseph Mazzello n'apparaissent que brièvement au début.Reste Jeff Goldblum qui reprend le rôle de Malcolm et se montre aussi éteint que son personnage.Sinon il y a un casting qui claque sur l'affiche mais qui est au final mal employé.Une Julianne Moore hébétée joue cette grosse débile de Sarah et il est évident qu'il ne s'agit pas de la meilleure prestation de sa carrière.Vince Vaughn n'imprime guère la pellicule en baroudeur à la mie de pain et Arliss Howard n'a pas les épaules pour exister en grand méchant.Heureusement que Peter Stormare,toujours inquiétant en homme de main borderline,et surtout Pete Postlethwaite,impeccable en chasseur aguerri,remontent le niveau.