Le Monde de Nemo
7.3
Le Monde de Nemo

Long-métrage d'animation de Andrew Stanton et Lee Unkrich (2003)

Cinquième long-métrage des studios Pixar, Le Monde de Nemo (2003) connaît comme les autres un immense succès critique et commercial. Il fait même partie des plus grosses réussites de Pixar puisque sa petite créature éponyme donne l'impulsion à de nombreux produits dérivés, certes sans atteindre l'ampleur des deux bouffons de Monstres & Cie. Les chiffres au box-office sont les meilleurs connus par ces studios étroitement liés à Disney, seul Toy Story 3 venant battre ce record en 2010, en dépassant le milliard de $ pour les recettes mondiales.


Le Monde de Nemo est pourtant la preuve que Pixar est capable de ne pas produire que des films formidables ou originaux – et cela avant le crash de Cars (2006). Dans cet opus, le papa de Nemo, sorte de calimero phobique et sur-protecteur envers son enfant, se trouve séparé de ce dernier, qui atterrit dans un aquarium. Marin le papa poisson-clown se lance alors à la recherche de son fils disparu, qu'il hésitait ce matin-même à confier à l'école, craignant d'exposer sa progéniture aux menaces de l'existence. Affublé d'un poisson femelle victime d'un trouble de la mémoire immédiate (une paracanthurus hepatus, ou « chirurgien-bleu »), il se trouve embarqué dans des aventures trépidantes loin de son quotidien cotonneux et balisé.


Cette camarade est un sacré fardeau. Si son tempérament hystérique et sociable permet à Marin d'avancer plus rapidement dans sa mission, c'est pour mieux s'accorder à ce monde de sanguins primaires et exaltés. La 'poissonne' est très conne, tout l'univers du film est harassant, de l'emplacement initial des poissons-clowns où règne la niaiserie à la sauvagerie criarde des aventuriers de la mer. La bande-son est insupportable, les personnages grossiers au mieux, les dialogues bouffis : tout suinte la séduction grasse. Comme série d'aventures, Le Monde de Nemo a une force, une capacité d'envoûtement évidente auprès d'un public familial ou particulièrement jeune. De plus Pixar sort les grands moyens, mettant la technique d'images de synthèse au service d'une faune luxuriante et d'un visuel fluorescent du plus bel effet.


Le spectacle demeure d'une intense bêtise. Le très vulgaire Gang de requins sera tout aussi aimable, bien moins sophistiqué d'un point de vue plastique, largement plus digeste dans sa narration. Les voix VF rendent l'affaire encore plus pénible, mais l'orientation générale est telle qu'aucune version ne saurait inverser la tendance, ou alors le film n'aurait plus aucune cohésion. La seconde moitié est plus plaisante, quelques gags sont au rendez-vous (la fuite finale, la famine chez le dentiste) et les animateurs font preuve de maestria pour les cascades des petits héros, à défaut d'invention. Reste qu'avec sa morale misérable et par rapport à des films denses et majestueux comme Le Roi Lion ou même Shrek, Le Monde de Nemo est ridicule ; un pauvre film d'animation hystérique et simplet, bien de sa décennie. Retour au niveau de La Petite Sirène.


https://zogarok.wordpress.com/2018/10/10/le-monde-de-nemo/

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le 10 févr. 2015

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Zogarok

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